Protection des ânes au Togo: Un atelier pour vulgariser l’arrêté ministériel de juin

La table d'honneur à l'ouverture de l'atelier..

Un atelier national consacré à la vulgarisation de l’arrêté interministériel qui encadre désormais l’abattage et l’exportation des ânes et de leurs produits, s’est ouvert ce vendredi 12 septembre 2025 à Lomé.

La rencontre, organisée par l’Institut Africain pour le Développement Économique et Social-Centre africain de formation (INADES-Formation) Togo, a réuni des représentants de plusieurs ministères, d’ONG, d’organisations professionnelles et de partenaires techniques.

La population asine est aujourd’hui gravement menacée d’extinction si aucune mesure de protection n’est mise en place face au commerce florissant des peaux d’ânes. Ces dernières sont très recherchées pour la fabrication d’un remède traditionnel dénommé « Ejiao », auquel sont attribuées des vertus médicinales, bien qu’aucune preuve scientifique ne vienne les confirmer.

Ce commerce illicite touche directement ou indirectement plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest.

Au Togo, on recensait seulement 3.510 ânes en 2023 (selon la FAO). Il devenait urgent d’agir afin que le pays ne devienne pas une plaque tournante du trafic. Un arrêté ministériel a été donc signé le 10 juin 2025.

L’objectif de cet atelier est de présenter le contenu de ce texte et d’échanger sur les moyens d’en assurer le respect.

Dans son intervention, la directrice d’INADES-Formation Togo, Sélome Adoussi, a salué la décision du gouvernement togolais, qu’elle qualifie d’ »acte fort ».

Elle a rappelé que les abattages massifs et les exportations incontrôlées menaçaient sérieusement la survie de l’espèce.

« L’âne joue un rôle essentiel dans la vie des familles rurales, en contribuant aux travaux agricoles, au transport, à l’accès à l’eau et au bois de chauffe », a-t-elle souligné.

INADES-Formation s’engage à accompagner l’État à travers des actions de sensibilisation, de formation et de mobilisation. La directrice a également appelé les médias à relayer largement l’information auprès des populations.

De son côté, Emmanuel Bourré Sarr (directeur régional de l’ONG Brooke Afrique de l’Ouest), a insisté sur l’importance de cette réglementation. Selon lui, elle constitue « un outil de souveraineté et de protection » qui vise à préserver les moyens de subsistance des populations rurales et à protéger le patrimoine génétique et culturel que représentent les ânes.

Il a précisé que la réussite de cette mesure dépendra de son appropriation par l’ensemble des acteurs.

« Cet atelier est essentiel car il permet un engagement collectif pour éviter que les ânes du Togo ne disparaissent sous la pression d’un commerce destructeur », a-t-il indiqué.

En Afrique de l’Ouest, l’âne reste indispensable au quotidien de millions de familles, notamment pour le transport de l’eau, du bois et des récoltes. Mais cette ressource est aujourd’hui menacée par le commerce international de peaux d’ânes, très demandé en Chine. La demande mondiale est estimée à environ six millions de peaux par an.

M. Magnimwè Beleyi (directeur des productions animales), a rappelé que « les ânes soutiennent les moyens de subsistance d’environ 500 millions de personnes dans certaines des communautés les plus pauvres du monde ».

Il a dénoncé le commerce illicite de peaux d’ânes, qui entraîne des abattages massifs dans des conditions inhumaines. FIN

Bernadette AYIBE