Couchée sous une Moustiquaire Imprégnée à Large Durée d’Action (MILDA) à l’entrée de sa chambre, Mme Adjoa Afidégnon, 33 ans allaite son bébé de 4 mois « Mon bébé et moi dormons tranquillement depuis que j’ai reçu la moustiquaire », se réjouit la jeune dame.
« J’ai reçu deux moustiquaires. La deuxième est utilisée par mon mari et notre premier garçon », ajoute-t-elle. Mme Chantal Kouvianou, 31 ans, enceinte depuis 6 mois, a en reçu trois pour sa famille : « je ne peux plus dormir sans moustiquaire. Mon mari, ainsi que les enfants sont désormais habitués »
A l’instar de Mmes Afidégnon et Kouvianou, beaucoup de togolais ont reçu gratuitement de MILDA, suite à une campagne de distribution lancée en juillet 2011 par le gouvernement togolais. Sont privilégiés, les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes. Les moustiquaires à imprégnation durable sont l’un des moyens les moins onéreux et les plus efficaces de lutter contre le paludisme, selon l’Organisation mondiale de la santé (Oms).
Depuis 2011, 32 pays africains et 78 pays situés dans d’autres régions du monde adoptent les recommandations de l’Oms préconisant la fourniture de moustiquaires imprégnées à toutes les personnes exposées au paludisme. Environ 89 pays dont 39 en Afrique (y compris le Togo) distribuent gratuitement ces moustiquaires imprégnées aux populations.
Au Togo, 2.819.805 moustiquaires ont été déjà distribuées depuis juillet 2011. Le gouvernement avait prévu mettre à la disposition des populations, 3.348.743 moustiquaires, mais les fonds mobilisés n’ont pu permettre aux autorités togolaises d’atteindre leurs prévisions.
« Il reste encore les habitants Lomé à servir, faute de moyens financiers. Le coût total des moustiquaires est estimé à 14,627 milliards de F.CFA., mais nous n’avons mobilisé que 12,559 milliards de F.CFA, d’où un écart de 2,068 milliards de F.CFA. Les fonds mobilisés proviennent du gouvernement et des partenaires au développement », explique Sika Dogbé, Directeur de la santé.
« Cette situation a fait que les habitants de Lomé (la capitale) n’ont pas encore été servis. Il nous faut encore 528.938 moustiquaires pour satisfaire cette zone », souligne-t-il.
Face à cette situation, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) a décidé d’appuyer le gouvernement togolais dans sa progression vers la couverture universelle en MILDA.
Ainsi, environ 300.000 MILDA seront distribuées cette année dans 108.000 ménages, pour protéger un total de 94.500 enfants de moins de 5 ans et 69.660 femmes enceintes contre le paludisme à Lomé. »Nous devons mener une lutte permanente contre cette maladie. Et le meilleur médicament pour le lutter contre le paludisme: ce sont les moustiquaires imprégnées », affirme Charles Kondi Agba, ministre togolais de la santé.
« Nous n’avons jamais organisé une campagne de distribution de moustiquaires de cette envergure. C’est une campagne très importante et inédite », souligne le ministre.
Le paludisme est une maladie à transmission vectorielle qui peut être évitée et traitée. Il est dû à des parasites transmis à l’homme par des piqûres de moustiques infectés.
Plus de 219 millions de cas de paludisme sont enregistrés dans le monde, selon le rapport mondial 2012 de l’Oms. Au moins 660 000 décès sont enregistrés par an – la plupart chez des enfants vivant en Afrique – et 68% des décès sont constatés dans 10 pays d’endémie.
Au Togo, le paludisme a tué plus de 1.314 personnes en 2011, selon l’Organisation Mondiale de la Santé dans son rapport mondial pour la même année. Plus de 506.000 cas de paludisme ont été enregistrés dans les formations sanitaires publiques.
Plus d’un enfant sur dix meurt avant son cinquième anniversaire et 18 pour cent de ces décès sont dus au paludisme. Beaucoup d’enfants n’ont pas accès au traitement susceptible de leur sauver la vie dans les premières 24 heures suivant l’apparition des symptômes et le nombre d’enfants dormant sous des moustiquaires imprégnées d’insecticide reste insuffisant.
Les femmes enceintes vivant dans des pays endémiques comme le Togo, sont quatre fois plus susceptibles que les autres adultes de contracter le paludisme et deux fois plus susceptibles de mourir de cette maladie. Infectées, les femmes enceintes risquent d’être anémiées, de connaitre un accouchement prématuré et de donner naissance à un enfant mort-né. Leurs bébés sont susceptibles de souffrir d’insuffisance pondérale à la naissance, ce qui rend peu probable leur survie au-delà d’une année.
A en croire certains observateurs, ces chiffres officiels sont loin de la réalité, dans la mesure où beaucoup de patients, notamment ceux des zones rurales n’ont pas accès facilement aux centres de santé.
« Les chiffres souvent publiés par les officiels sont très loin de la réalité. Par exemple dans plusieurs localités du nord du pays, des populations n’ont même pas accès aux hôpitaux. Alors comment peut-on faire des estimations fiables? Nos gouvernants doivent simplement élaborer une meilleure politique visant à fournir des MILDA aux populations exposées au paludisme. Et un accent particulier doit sera mis sur les populations des zones rurales », suggère Essodéna Soliwan (31 ans), infirmier dans un cabinet médical privé à Kara (localité située à environ 420 km au nord de Lomé).
« Nos populations sont pauvres. Elles n’ont pas les moyens de se faire soigner, raison pour laquelle nos politiques doivent être orientées vers la prévention. Et la meilleure manière d’éviter la maladie: c’est de dormir sous moustiquaires imprégnées », ajoute le jeune infirmier. FIN
Ambroisine MEMEDE
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