Le pape Léon XIV a dénoncé la course à l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine militaire, voyant dans «la délégation aux machines» une «spirale destructrice», à l’occasion de son premier message pour la Journée mondiale de la Paix publié jeudi.
«Nous constatons combien les progrès technologiques et l’application dans le domaine militaire de l’intelligence artificielle ont radicalisé la dimension tragique des conflits armés», a déploré le pape américain, qui a plusieurs fois plaidé pour une utilisation éthique de l’IA depuis son élection en mai.
«On assiste même à un processus de déresponsabilisation des dirigeants politiques et militaires, en raison de la croissante +délégation+ aux machines des décisions concernant la vie et la mort des personnes humaines», a-t-il ajouté, y voyant une «spirale destructrice sans précédent (…)».
Drones autonomes, systèmes antimissiles dotés d’algorithmes prédictifs… Ces dernières années, plusieurs Etats exploitent le développement de l’IA pour automatiser la surveillance, la cyberdéfense et leur système d’armement, soulevant des questionnements quant aux possibles dérives éthiques.
Évoquant «un grand sentiment d’impuissance» devant «le cours des événements de plus en plus incertain», le pape a également réfuté toute utilisation de la religion à des fins politiques.
«Malheureusement, il est de plus en plus courant dans le panorama contemporain de faire entrer des mots de la foi dans le combat politique, de bénir le nationalisme et de justifier religieusement la violence et la lutte armée», a-t-il dénoncé.
Ces propos peuvent être lus à la lumière de plusieurs faits d’actualité: aux États-Unis, la tendance MAGA mêle rhétorique chrétienne et nationalisme ; l’Europe voit la montée des discours identitaires comme en Pologne et en Hongrie tandis que le patriarche orthodoxe russe Kirill a justifié l’invasion de l’Ukraine par une rhétorique de guerre sainte.
Pour le souverain pontife, la course mondiale à l’armement à des fins préventives est une «logique antagoniste» participant à la «déstabilisation de la planète qui devient chaque jour plus dramatique et imprévisible».
Il dénonce notamment la dissuasion nucléaire et l’augmentation exponentielle des dépenses militaires.
«Dans les relations entre citoyens et gouvernants, on en arrive à considérer comme une faute le fait de ne pas se préparer suffisamment à la guerre, à réagir aux attaques, à répondre à la violence», a-t-il encore déploré.
Célébrée chaque 1er janvier par l’Eglise catholique depuis 1968, la Journée mondiale de la Paix est l’occasion pour le pape de publier un message appelant les fidèles et les responsables politiques à promouvoir la paix et la justice.
Source : Afp



