Togo : Le CJE appelle à éviter la « privatisation de l’eau »

Kwami Kpondzo

Le Centre pour la Justice Environnementale-Togo (CJE-Togo) a exprimé ce jeudi 16 octobre 2025 à Lomé, sa vive inquiétude face à la « privatisation de l’eau » au Togo.

Devant la presse, les responsables dudit Centre ont affirmé haut et fort que la privatisation de l’eau au Togo soulève de « nombreux enjeux, à la fois économiques, sociaux et environnementaux ».

« La privatisation de l’eau est à éviter », a martelé Kwami Kpondzo (directeur exécutif de CJE-Togo).

Le gouvernement, a-t-il précisé, « doit veiller à ce que tous les citoyens, de toutes les couches et de tout milieu, aient accès à l’eau publique et potable ».

« Des systèmes d’approvisionnement en eau qui sont démocratiques, contrôlés par les pouvoirs publics et bénéficiant d’un financement solide sont essentiels pour protéger les vies, garantir les moyens de subsistance et bâtir un avenir résilient au changement climatique », a-t-il poursuivi.

« L’eau étant un bien vital, sa gestion à but lucratif peut accentuer les inégalités entre les populations urbaines et rurales », a relevé M.Kpondzo.

Selon lui, les entreprises privées qui cherchent avant tout la rentabilité, pourraient privilégier les zones rentables et négliger les communautés éloignées ou à faibles revenus.

« Cela risquerait d’entraîner une hausse du prix de l’eau et de rendre son accès plus difficile pour les ménages les plus vulnérables », a-t-il souligné.

L’enjeu principal est de trouver un juste équilibre entre efficacité économique et droit fondamental à l’eau, afin que cette ressource reste un bien commun au service du développement durable.

Au Togo, les ressources en eau sont relativement abondantes et estimées en moyenne à 19,3 milliards de m3 par an réparties comme suit : eaux de surface 10 500 000 000 m3/an et eaux souterraines 8 772 000 000 m3/an. Ramené à la population actuelle du pays estimée à plus de 8 millions d’habitants, ce volume donne un ratio d’environ 2400 m3/pers/an ce qui semble mettre le Togo au-dessus du seuil de stress hydrique qui correspond à une disponibilité d’eau par tête d’habitant inférieure à 1700 m3 par an.

Le CJE a également mis l’accent sur la pollution de l’eau, phénomène lié essentiellement à l’exploitation minière et l’utilisation des produits chimiques toxiques.

Les manifestations du changement climatique (inondation, sécheresse, élévation de la température, perturbation de la précipitation en hausse ou en baisse), sont des indicateurs forts qui obligent à une gestion efficace des ressources en eau, un autre défi à relever par le Togo.

Rappelons que le CJE-Togo est une organisation de la société civile togolaise qui s’est donnée pour objectif général de contribuer à l’amélioration des conditions de vie socio-économiques et culturelles des communautés à la base dans une approche de développement humain durable et participatif.

A travers des sensibilisations et des plaidoyers, le Centre s’active dans la mobilisation et l’appropriation par les communautés des questions sur le changement climatique, les conséquences de l’exploitation des combustibles fossiles et la lutte pour une transition énergétique contrôlée par les populations et les communautés. FIN

Chrystelle MENSAH