
Pendant que des tirs de gaz lacrymogène résonnent à Antananarivo, des rassemblements de la jeunesse malgache dans plusieurs villes du pays réclament mercredi le départ du président Andry Rajoelina, après déjà une semaine de manifestations et un appel désormais à la grève générale.
Dans la grande ville d’Antsiranana, une foule de plusieurs milliers de personnes a défilé en appelant au départ du président, a confirmé à l’AFP une source locale dans le nord de Madagascar. Un rassemblement de centaines de personnes est également en cours à Toliara (sud).
Dans l’après-midi, le centre d’Antananarivo était bouclé par les forces de l’ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser des groupes épars, a constaté une équipe de l’AFP. Mais la vie suivait son cours normal dans le reste de la capitale.
La répression, ayant fait au moins 22 morts et des centaines de blessés d’après un bilan de l’ONU lundi, a durci le mouvement dont le mot d’ordre est désormais «Rajoelina, dégage» (« Miala Rajoelina »).
L’Église appelée à la rescousse
L’opposition, d’abord timide, s’est jointe mercredi à la dynamique via une rare prise de position de la plateforme Firaisankina.
Le principal opposant malgache Siteny Randrianasoloniaiko, notamment, et l’ancien président Marc Ravalomanana, parti après la contestation populaire de 2009, font partie des signataires.
Cinq des principales organisations de la société civile ont appelé « l’Église » à «conduire le processus de concertation», dans un communiqué commun, publié après un message du pape Léon XIV mercredi.
Le souverain pontife s’est dit « attristé par les nouvelles de Madagascar », île pauvre de l’océan Indien, et a appelé à la « promotion de la justice et du bien commun ».
Ancien maire d’Antananarivo et magnat des médias, Andry Rajoelina, 51 ans, a été installé une première fois au pouvoir de 2009 à 2014 par les militaires après un soulèvement populaire. Il s’est mis en retrait quatre ans sous la pression internationale puis s’est fait élire en 2018 et réélire en 2023 lors d’un scrutin contesté.
Le renvoi lundi de son gouvernement ne « suffit pas », balayait mardi auprès de l’AFPTV un porte-parole du mouvement à l’université d’Antananarivo préférant conserver l’anonymat par peur de représailles.
Source : Afp