Drogues/Réduction de risques : Des acteurs à Kpalimé pour élaborer une feuille de route opérationnelle et un plan de plaidoyer

Une trentaine d’acteurs clés de la réduction des risques liés aux drogues se sont réunis à Kpalimé (à environ 120 km au nord de Lomé) pour un atelier stratégique.

L’objectif : élaborer une feuille de route opérationnelle et un plan de plaidoyer visant à mettre en œuvre les recommandations issues d’une récente évaluation des politiques de drogues au Togo.

Cette évaluation a mis en lumière les lacunes, les opportunités et les recommandations stratégiques nécessaires pour une réforme plus humaine, efficace et fondée sur les droits, selon les responsables de l’ONG Espoir Vie-Togo, initiatrice de cet atelier.

La rencontre permettra de présenter et discuter des principales recommandations issues de l’évaluation, d’identifier les priorités stratégiques à court, moyen et long terme et de définir les rôles, responsabilités et échéances pour chaque action. Il s’agira ensuite, de disposer d’un plan de plaidoyer structuré et prêt à être mis en œuvre, et d’obtenir un engagement renforcé des parties prenantes.

Les travaux ont été officiellement lancés en présence de M. N’Takinawe Kondoh, Chargé de suivi-évaluation au Programme national des addictions aux produits psychoactifs (PNAPP)

Étaient également présents : Fabrice Allegah, Chargé de programme à EVT et Mme Victoire Tchangaï, Chargée des réseaux communautaires au Secrétariat Permanent du Conseil national de lutte contre le Sida et les infections sexuellement transmissibles (SP/CNLS-IST).

Prennent part à cette rencontre, des représentants des ministères concernés (Santé, Justice, Sécurité, Affaires sociales), des organisations de la société civile engagées dans la réduction des risques et les droits humains, des experts en politiques de drogues et santé publique, des partenaires techniques et financiers, ainsi que des personnes usagères de drogues (PUD).

Des outils « concrets et réalisables« 

Le processus selon M. Kondoh, est important pour la mise en place d’outils pratiques.

« L’évaluation de la politique de drogue est un processus essentiel pour comprendre les forces et les faiblesses de nos approches actuelles. Les recommandations qui en sont issues constituent un cadre précieux pour guider nos actions futures », a-t-il précisé.

« La feuille de route opérationnelle que nous allons construire doit être un document concret et réalisable, qui définit les étapes clés pour mettre en œuvre ces recommandations. Elle doit également identifier les responsabilités, les ressources nécessaires et les indicateurs. Le plan de plaidoyer est aussi essentiel pour mobiliser les acteurs et sensibiliser l’opinion publique. Je suis convaincu qu’ensemble, nous pouvons faire une différence significative dans la lutte contre la drogue au Togo », a-t-il ajouté.

De son côté, Mme Tchangaï a rappelé que cette concertation témoigne de l’importance accordée à la lutte concertée face aux enjeux des drogues dans notre pays.

« L’élaboration de la politique des drogues au Togo a dressé un état des lieux et a mis la lumière sur les avancées, de même que les défis persistants. Ces recommandations nous interpellent tous », a-t-elle ajouté.

Pour Sélom Agbomadji (Chargé de projets à EVT), l’inclusion des personnes usagères de drogues est capitale.

« Ce document a permis de faire l’état des lieux par rapport aux politiques et d’identifier les actions visant l’amélioration pour offrir un meilleur accompagnement aux personnes usagères de drogues, puisqu’on parle aujourd’hui de la Réduction des Risques (RdR). C’est pour cela que les parties prenantes, y compris les personnes usagères de drogues, sont représentées à cet atelier », a expliqué M. Agbomadji.

Un enjeu de santé publique

« Ma conviction profonde par rapport à mon expérience personnelle, c’est que l’addition à la drogue est une maladie et une question de santé publique. Et cet atelier est venu à point nommé car cette feuille de route et ce plan de plaidoyer permettront d’agir au niveau où on a besoin des réponses adéquates sur une période, pour intégrer nous personnes usagères de drogues dans la société, surtout dans le circuit de santé publique », a salué l’une des personnes usagères de drogues, participant à cet atelier. 

Les participants auront durant deux jours, à parcourir les résultats de l’évaluation, procéder à une cartographie des acteurs et des leviers d’influence, puis élaborer et valider la feuille de route et le plan de plaidoyer (objectifs, cibles, messages adaptés, canaux de diffusion).

En rappel, le rapport mondial sur les drogues 2024 de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) révèle que 292 millions de personnes (soit 5,6% de la population âgée de 15 à 64 ans) avaient consommé des drogues en 2022.

Le Togo n’est pas épargné, précise M. Kondoh : « Le pays fait face depuis plus de deux décennies à l’émergence de nouvelles menaces liées notamment à l’intensification du trafic de drogues, de médicaments contrefaits, ainsi qu’à la recrudescence des comportements de consommation de substances psychoactives ». FIN

De Kpalimé, Ambroisine MEMEDE