
Décédé le 21 avril 2025, le pape François a été inhumé le samedi 26 avril 2025 dans la basilique Sainte Marie Majeure à Rome. Des milliers de personnes ont assisté à l’office célébré en plein air devant la cathédrale de Buenos Aires.
Que retenir du pape ? Quelle est la suite de la procédure de désignation du nouveau pape ? Quel est le profil du prochain pape ? Autant de questions posées par l’Agence Savoir News au Père Paul Detondji EMEDETONGNON (prêtre du diocèse d’Atakpamé-Togo – Étudiant en deuxième année de licence dans la Faculté de Droit Canonique Saint Pie X de Venezia-Italie).
Savoir News : Qu’avez-vous ressenti à l’annonce du décès du Pape François ?
Père Paul Detondji EMEDETONGNON : Cette matinée du lundi de Pâques, alors que les rayons du printemps sortaient de l’orbite pour offrir à la nature une splendide beauté, tout à coup, le ciel de la cité du Vatican sans présage d’orage s’est assombri, le bon navire de la cité éternelle s’est effondré. Oui, le numéro un de l’Eglise Catholique Romaine, le Souverain Pontife, le Pape François a tiré sa dernière révérence. La nouvelle comme une trainée de poudre s’est rapidement répandue dans les quatre coins du monde et nous a plongés tous dans une grande émotion et consternation. Personnellement, comme à la mort d’un être cher, j’ai ressenti un choc naturel à la suite à l’annonce de ce décès. Le Pape François pour chaque fidèle chrétien catholique est un Pasteur et un Père spirituel. Nous avons perdu donc un Père, un bon guide spirituel et un grand homme.
Que retenez-vous de l’homme ?
Je retiens de la figure de ce pontife aux qualités exceptionnelles, l’incarnation de l’évangile vécu et prêché par le divin Maître Jésus-Christ Lui-même.
C’était le Pape qu’il fallait pour ce temps. Il fut un grand don de Dieu pour l’Eglise et pour l’humanité entière. Sa simplicité rimait avec son esprit de pauvreté qui l’amenait à un dépouillement et à un renoncement total aux biens de ce monde. Son humanisme incarné, son désir intense et inlassable de la paix, sa pastorale inclusive, son grand intérêt pour les périphéries, les pauvres, les marginalisés, les migrants et les réfugiés en sont les preuves tangibles qui resteront à jamais sur l’estampe de nos souvenirs. Pour lui, la vie de luxe au sein de l’Eglise à côté de la misère du monde est un scandale et un contre témoignage à l’Evangile. Ses nombreuses réformes durant son pontificat en disent autant. Nous citons en exemple, la réforme de la curie romaine, de quelques parties et canons et surtout du livre VI du code du droit canonique de 1983.
Quelle est la suite de la procédure pour la désignation du prochain ?
Lorsque le siège apostolique devient vacant par la mort ou la renonciation, l’Eglise entre dans un temps d’attente et de prières appelé sede vacante. Ce n’est pas un temps vide de pouvoir, car le Christ reste le véritable Chef de son Eglise. 15 ou 20 jours après le constat du décès du pape, commence le conclave pour l’élection du nouveau pape. L’élection du pape n’est pas un choix politique mais un acte spirituel suprême confié aux cardinaux de moins de 80 ans en union étroite avec l’Esprit Saint. Le nombre des cardinaux électeurs selon la norme générale est 120. Une règle d’exception peut augmenter légèrement ce chiffre.
A juste exception, c’est le cas actuel qui verra 135 cardinaux électeurs au présent conclave qui débutera à partir du 7 mai 2025. Le conclave commence avec la messe Pro Eligendo Romano Pontefice (Pour l’élection du Pontife Romain). Les cardinaux retirés dans la chapelle sixtine, lieu fermé à toute influence extérieure, prêtent un serment collectif comme témoignage solennel de leur engagement devant Dieu et l’Eglise selon la constitution apostolique Universi Dominici Gregis du Souverain Pontife Jean Paul II. Le vote est effectué dans la liberté, la sincérité et le secret. Pour être élu pape, un cardinal doit obtenir une majorité des deux tiers des votes. Cette exigence élevée, garantit que l’élu bénéficie d’un soutien large et non d’une simple majorité relative.
Si après dépouillement, un cardinal obtient les deux tiers des voix, il est immédiatement interrogé en ces termes : Acceptes-tu ton élection au Souverain Pontificat ? Si l’élu accepte, alors son élection est confirmée et les bulletins sont brulés avec une fumée blanche (fumata biancha) pour annoncer au monde qu’un nouveau pape est donné à l’Eglise. Si l’élu refuse ou si aucun cardinal n’a obtenu la majorité requise, alors la fumée est noire (fumata nera) et le processus de scrutin continue.
Lorsque l’élu accepte, il choisit son nom pontifical, signe de sa mission nouvelle puis, revêt la soutane blanche. Les cardinaux viennent un à un pour rendre hommage au souverain Pontife élu. Enfin, le peuple chrétien est averti par l’annonce solennelle faite depuis le balcon de la basilique Saint Pierre : Habemus Papam, nous avons un pape. Le Souverain Pontife après avoir donné sa première bénédiction UBI ET ORBI, commence son ministère en successeur de Pierre, comme Vicaire du Christ sur terre, pasteur de toute l’Eglise et Serviteur des serviteurs de Dieu.
Quel sera pour vous, le profil du prochain pape ?
Le profil du futur souverain Pontife à mon humble avis devra être un pape simple, qui emboiterait les pas à son prédécesseur dans la recherche et l’invitation continues à la paix. Un pape qui ferait plus d’effort pour une inclusion plus grande des préoccupations des Églises des territoires de mission dans les décisions de l’Eglise Universelle. Prions l’Esprit Saint pour qu’il illumine et inspire les cardinaux dans l’élection du nouveau pape.
Propos recueillis par Emile KOUTON