« Personne ne devrait souffrir de maladies évitables… » (Yacine Djibo, directrice exécutive de Speak Up Africa)

Mme Yacine Djibo, Directrice exécutive de l'ONG Speak Up Africa lors du webinaire du Remapsen sur les maladies tropicales négligées
Mme Yacine Djibo lors du webinaire

« Personne ne devrait souffrir de maladies évitables et traitables si les médicaments pour les prévenir sont disponibles », a déclaré mercredi Mme Yacine Djibo (Directrice exécutive de l’ONG Speak Up Africa), lors d’un webinaire organisé par le Remapsen sur la contribution de la société civile dans la lutte contre les maladies tropicales négligées (MTN).

Speak Up Africa est une ONG de plaidoyer et de communication stratégique, qui œuvre pour la santé de façon générale et l’élimination des MTN.

« Nous estimons qu’en luttant contre les maladies tropicales négligées, nous pouvons rendre nos systèmes de santé plus résilients, permettre un accès équitable aux soins de santé, ce qui est primordial pour limiter la transmission de ces maladies évitables », a soulevé Mme Djibo, rappelant que la santé est un droit humain.

Des affections débilitantes

Les maladies tropicales négligées (MTN) sont un groupe d’affections évitables et curables qui affectent 1,5 milliard de personnes, dont 40% vivent en Afrique, lit-on sur le site de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ces maladies touchent les populations les plus pauvres et les plus vulnérables qui vivent dans les zones reculées d’Afrique. Elles défigurent et provoquent des handicaps, empêchent les enfants d’aller à l’école et les parents de travailler, limitant leur potentiel et laissant les habitants prisonniers de la pauvreté. Elles sont associées à la stigmatisation et à l’exclusion sociale.

Le Togo a éliminé quatre MTN

Notons que le Togo a éliminé le trachome, tout comme la trypanosomiase africaine, le ver de Guinée et la filariose ; ce qui lui a valu une distinction de l’OMS, de l’Alliance mondiale, ainsi que les félicitations de Tedros Adhanom Ghebreyesus (directeur général de l’OMS).

Selon Mme Djibo, l’amélioration de la santé publique doit être au cœur de nos actions et la société civile et les médias ont un important rôle à jouer.

« Pour nous, il est très important de plaider pour un changement de politique à tous les niveaux de la société, en nous assurant d’engager des décideurs à tous les niveaux et aussi de pouvoir travailler avec eux pour ce changement durable en faveur de la santé et du développement », a expliqué la directrice exécutive de Speak up Africa.

Cette association intervient dans six domaines clés : la lutte contre le paludisme, les maladies tropicales négligées, l’accès à la vaccination et l’assainissement pour tous, la recherche et le développement et une thématique transversale qui tourne autour de l’égalité de genre. Dans ces domaines, elle élabore et met en œuvre des solutions efficaces pour favoriser le changement de politique, renforcer la sensibilisation autour du développement durable en Afrique et aussi catalyser le leadership.

Susciter le changement de comportement

« Concernant les MTN, notre approche est centrée sur trois objectifs : renforcer l’engagement politique, augmenter les ressources nationales pour la lutte contre les MTN, travailler avec les différentes parties prenantes pour rendre les espaces de prise de décisions liées aux MTN plus inclusifs », a-t-elle expliqué.

Pour ce faire, Speak Up Africa crée les conditions propices à une priorisation plus accrue de l’élimination des MTN et s’investit pour l’implication effective de la société civile et de la jeunesse dans toutes les discussions, et l’élaboration des stratégies en cours de mise en place, car ces programmes et décisions souffrent d’équité.

Selon la directrice exécutive de cette ONG, le constat est que les premiers impactés (femmes, jeunes filles, groupes vulnérables) ne sont pas toujours présents à la table alors que la capacité des communautés à s’engager de façon durable est significative dans l’élimination des MTN. Les OSC doivent donc se mettre en réseau pour plus d’impact.

« Nous, on soutient la réalisation des ODD plus particulièrement ceux (les ODD 1 à 6) qui visent la transformation des sociétés africaines de sorte que chaque homme, femme et enfant, ait une vie pleine, productive et saine. Nous pensons que la société civile africaine a un rôle très important à jouer. Nous restons donc convaincus que la sensibilisation des citoyens est primordiale, « , a longuement expliqué Mme Djibo.

Et qui mieux que les journalistes pour informer les populations, les sensibiliser et susciter leur implication dans toutes les décisions et programmes les concernant ? C’est la raison de ce webinaire, qui a permis à la directrice exécutive de Speak up Africa et Papa Momar Touré (Chargé de programme/Speak Up Africa), d’informer les membres du Remapsen sur les actions de cette ONG, afin que ces derniers puissent comprendre afin de mieux informer les populations, attirer l’attention des décideurs et encourager le changement de comportement à divers niveaux pour l’atteinte des objectifs.

‘Les médias, puissants vecteurs de changement’

« Le défi aujourd’hui, c’est le manque de connaissance. Il faut connaitre ces affections pour les adresser, et c’est là où les médias ont un rôle à jouer car le challenge pour nous, c’est de pouvoir mettre la lumière sur ces maladies et d’en faire une priorité. Nous pensons que, grâce à des reportages  réguliers et de grande qualité sur les questions de santé et de développement, vous êtes de puissants acteurs de changement pour l’atteinte de nos objectifs communs », a-t-elle déclaré, soulignant que l’association est disposée à collaborer avec le Remapsen.

Notons que la session a été présidée par Bamba Youssouf (président du Réseau des médias africains pour la santé et l’environnement/REMAPSEN), qui a remercié Mme Djibo et Papa Momar Touré pour leur disponibilité et salué l’engagement des membres pour une cause aussi noble que la santé.

Rappelons que le Remapsen se positionne aujourd’hui comme un pont entre les stratégies nationales et internationales et les bénéficiaires. Depuis sa création en 2020, le réseau ne cesse d’outiller ses membres et les médias en général pour une contribution efficace à la lutte contre les problèmes de santé en Afrique.  FIN

Ambroisine MEMEDE