Promouvoir l’éducation inclusive : Au collège, les enfants sourds se « débrouillent » pour suivre les cours

Des enfants de l'école primaire Ephphatha

« Il faut promouvoir une éducation inclusive. La grande suggestion est de vulgariser le langage des signes. Si on peut l’instaurer comme une matière dans toutes les écoles, comme l’anglais, l’Ewé, le Kabyè,…, on ne parlera plus de handicapés sensoriels », a déclaré Kodjo Sokotowu Bemou, directeur de Ephphatha (école des sourds) à la rentrée des classes cette année.

« Dès que les conditions sont réunies, dès que l’éducation est une réalité au Togo, on ne parlera ni de handicapés sensoriels, ni d’écoles spécialisées parce qu’on en aura plus besoin », a-t-il souligné, énumérant quelques difficultés rencontrées dans leur fonction.

Les difficultés de cette école sont de plusieurs ordres pour les enseignants, et les apprenants n’en sont pas épargnés, du fait du manque d’infrastructures et de matériels adaptés.

« Par exemple, il faut parfois du concret pour transmettre une leçon. L’enfant qui n’a jamais vu une montagne, a besoin de voir des images et il faut assez d’explication pour qu’il puisse comprendre, ce qui fait que la compréhension prend souvent un peu de plus de temps », a déclaré le directeur.

Maîtriser le langage des signes, un impératif

Ephphatha est une école spécialisée. On y trouve, du jardin jusqu’en classe de CM2, des enfants (de tous les âges) sourds et malentendants.

Comme c’est une école spécialisée, on reçoit les enfants de tous les âges. Et leur éducation commence nécessairement par le jardin, afin d’acquérir l’essentiel du langage des signes pour communiquer, ce qu’ils arrivent à faire déjà après trois mois de cours. L’apprentissage des signes est indispensable pour leur cursus. Actuellement, le plus âgé du jardin a 11ans et le moins âgé est une fille de 6ans. Mais cet établissement ne dispose pas encore de cours secondaire, a expliqué M. Bemou..

« Nous n’avons pas encore un collège. Après le cours primaire, nous orientons donc les enfants vers le CEG Agbalépédogan qui nous aide énormément. Mais là encore, il n’y a aucune mesure d’accompagnement. Les enfants se débrouillent… Par exemple au CEG Agbalépédogan, on fait asseoir l’enfant handicapé à côté d’un élève qui écrit bien. Et l’enfant ne fait que recopier, c’est tout. Il ne comprend rien. C’est le soir qu’un de ses aînés vient lui expliquer les leçons copiées », a déploré M.

Il a expliqué que ces aînés sont en général des personnes handicapées sensoriels ayant déjà leur BAC et parfois la Licence, qui viennent leur expliquer (en langue des signes) les leçons copiées dans la journée, a expliqué le directeur, soulignant que le manque d’enseignants spécialisés est criard.

« Aujourd’hui, si on parle d’éducation inclusive, on doit vulgariser la langue des signes pour permettre à tous les enfants sourds d’avoir accès à l’éducation. Non seulement les enfants handicapés sensoriel pourront facilement communiquer avec les autres, mais le langage des signes est également un atout pour les autres enfants »

Notons qu’au total 110 enfants (dont une soixantaine de filles) ont été enregistrés par cette école en début de rentrée. Et selon le directeur, le programme est le même que celui des autres écoles. FIN

Ambroisine MEMEDE