Prise en charge clinique des violences sexuelles : Des prestataires de soins du CMS d’Adidogomé et environs en formation à Kpalimé (REPORTAGE)

La table d'honneur, à l'ouverture de la formation

Vingt-quatre prestataires de soins du Centre médico-social (CMS) d’Adidogomé et des environs ont entamé mardi à Kpalimé (environ 120 km au nord de Lomé), une formation de quatre jours sur la prise en charge médicale et psychologique des victimes de violences sexuelles.

Outre des prestataires des soins du CMS d’Adidogomé, prennent également part à cette formation, ceux des formations sanitaires de: l’Hôpital de Tsévié, la Polyclinique de Tsévié, le CMS Agbélouvé, le CMS Ahépé, CMS Kouvé et Togblékopé. Il s’agit notamment des médecins, sage-femmes, infirmiers, psychologues cliniciens.

Les violences basées sur le genre constituent un véritable problème de santé publique et se manifestent sous diverses formes allant des agressions physiques aux agressions verbales voire sexuelles, selon le Médecin colonel Sossinou Awoussi (secrétaire général du ministère de la santé).

Dans le monde, une femme sur trois subit des violences physiques et sexuelles à un moment donné dans sa vie le plus souvent de la part d’un partenaire intime, a-t-il précisé.

Une étude menée en 2010 par le ministère en charge de la promotion de la Femme avec le soutien du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) a révélé un niveau élevé de différentes formes de violence dans le pays : violence psycho-morale: 91% ; 34% de violence économique, 41% de violence physique, 33% pour la violence sexuelle et 20% de violence institutionnalisée.

Mais l’utilisation des structures de santé pour la prise en charge des victimes de ces violences est toujours faible au Togo, selon l’enquête de 2010.

Seulement 12% des femmes et 7% des filles ont été prises en charge pour les cas de VBG. La plupart des femmes et des filles qui ont reçu des soins ont été consultées pour des violences physiques plutôt que pour des violences sexuelles et psychologiques.

Les survivants et les survivantes de ces violences s’auto-médicamentent souvent, probablement en raison de l’indisponibilité de services appropriés, de l’ignorance ou de la peur de la stigmatisation et de la honte d’exposer leurs problèmes au public.

Ces victimes qui se font soigner dans les structures de santé, ne reçoivent pas un traitement approprié, car la plupart du personnel n’est pas formé pour traiter ces cas. Elles sont prises en charge comme des patients ordinaires et les causes et conséquences des VBG ne sont pas suffisamment explorées.

Vue partielle des participants, en pleine séance de travail

Or, des recherches confirment les conséquences importantes des violences basées sur le genre sur la santé physique, sexuelle et mentale des victimes, qui affectent leur propre bien-être ainsi que l’harmonie et le bien-être des familles et des communautés.

D’où la nécessité de renforcer et d’étendre les interventions en matière de VBG, afin de garantir que les survivantes et survivants aient un accès à des services holistiques de qualité gratuits (médicaux, psychosociaux, sécuritaires et juridiques).

« One Stop Center »

Ce qui a poussé l’UNFPA et d’autres partenaires techniques et financiers à appuyer le ministère de la santé et le ministère de l’action sociale de la promotion de la femme, afin de mettre en place un service holistique appelé « One Stop Center », visant à offir des services multisectoriels aux victimes de ces violences en un seul endroit.

Et c’est le CMS Adidogomé qui a été identifié pour abriter un « One Stop Center » à titre pilote : d’où l’importance de former les prestataires de services de santé de ce centre à la prise en charge médicale et psychologique des violences basées sur le genre.

« La confidentialité représente la toute première condition pour que les victimes de violences basées sur le genre qui se sentent souvent traquées et aux prises d’une grande insécurité dès le moment où elles brisent le silence, se sentent en sécurité. Ainsi la prise en charge clinique des survivants dans un modèle de guichet unique appelé +One stop center+ leur permet de se sentir en sécurité et de garantir la confidentialité », a souligné Mme Josiane Yaguibou (représentante résidente de l’UNFPA au Togo).

De son côté, la représentante résidente de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Togo, Dr. Diallo Fatoumata Tidiane a rassuré les prestataires de soins qu’unies dans l’action, toutes les agences sont derrière l’UNFPA qui pilote cette thématique afin d’identifier les meilleures solutions et stratégies pour une meilleure prise en charge des survivantes et survivants des violences basées sur le genre en général et sur les violences sexuelles en particulier.

Cette formation est axée sur trois grands axes : (i) comprendre et identifier les différentes formes de VBG, (ii) prise en charge clinique et soutien de première ligne pour les survivantes et survivants des violences sexuelles et exercées par un partenaire intime et le (iii) système de référence des VBG et procédures opérationnelles standards. FIN

De Kpalimé, Omer/Rédaction