Prévenir la violence à l’égard des femmes en périodes électorales, l’expertise de UNWOMEN

Mme Soulef Guessoum.

La violence à l’égard des femmes demeure l’un des obstacles les plus graves à la réalisation des droits politiques des femmes et constitue une entrave majeure à leur participation politique.

Elle trouve sa justification dans certaines causes profondes  notamment les attitudes sociales et culturelles discriminatoires à l’égard des femmes, l’absence de structures administratives et judiciaires favorables avec faiblesse de l’état de droit et des institutions de gouvernance, l’application insuffisante des lois existantes sur la violence à l’égard des femmes.

Entre autres causes profondes selon Mme Soulef Guessoum (Conseillère régionale de UNWOMEN Afrique de l’Ouest et du Centre) : «la faible présence ou absence des femmes dans les fonctions électives au niveau national et /ou local, la prévalence des normes sociales qui tolèrent la violence à l’égard des femmes, l’impunité pour les auteurs des violences à l’égard des femmes».

Aussi faudra-t-il citer comme causes profondes la dépendance économique des femmes, l’analphabétisme / manque d‘accès des femmes à l’éducation, la prévalence de la violence sexuelle (y compris le viol) et la prévalence de la violence domestique.

Mme Soulef Guessoum participe à l’atelier de haut niveau organisé par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et des Nations Unies sur le partage d’expériences et de bonnes pratiques de lutte contre les violences liées aux élections en Afrique de l’ouest.

Parlant des violences à l’égard des femmes en périodes électorales, il est important de souligner qu’elles sont d’ordre psychologique, physique et sexuel.

Selon Soulef Guessoum, l’aspect psychologique  se manifeste entre autres par le harcèlement et agression verbale, les menaces de représailles et brutalité, l’Intimidation, exclusion, le vote imposé au sein de la famille, le cyber harcèlement et les menaces  de divorces de licenciement et d’accès refuse aux ressources financières.

«L’utilisation délibérée de la force physique pouvant entrainer la mort, les blessures ou les dommages, les meurtres et tentatives de meurtres, la dispersion violente de rassemblement et même l’empêchement physique d’accéder aux lieux d’inscription ou de vote constituent quelques unes des violences physiques», a affirmé Soulef  Guessoum.

Abordant l’ordre sexuelle, elle cite les avances sexuelles inopportunes, le harcèlement sexuel, l’exploitation sexuelle, le viol pour motif politique pour terroriser et intimider et l’agression et abus sexuels dans un but de contrôle, d’intimidation, d’humiliation et de privation des droits.

Précisons que 82% des femmes parlementaires de 39 pays ont déclaré avoir subi une forme de violence psychologique durant leur mandat.

Généralement les auteurs de ces violences sont les acteurs politiques, les acteurs sociaux et les acteurs étatiques.

Pour prévenir et réduire donc les violences faites aux femmes en périodes électorales, l’Organisation des Nations Unies (ONU) évalue les risques dans les Missions d’évaluation des besoins en matière d’assistance électorale et recommandations en vue de la réduction de ces risques.

Elle apporte également une assistance technique aux États membres sur les réformes électorales nécessaires pour lever les obstacles à la participation des femmes  tout en promouvant une législation et des politiques qui favorisent l’égalité des sexes.

«Nous pouvons énumérer aussi comme mesures préventives prises par l’ONU, la promotion des systèmes électoraux inclusifs et adaptés, le soutien au développement de stratégies et de normes de conduite pour les partis politiques et les candidats prenant en compte la Violence à l’égard des femmes pendant les élections (VEFE) et la marginalisation et pour finir tenir des formations aux droits politiques des femmes tout en sensibilisant et changeant les normes » a précisé Soulef Guessoum.

Rappelons que la prévention de la VEFE est un processus permanent qui devra être lié à l’ensemble du processus électoral et non à la seule échéance électorale.

«Il existe un cadre normatif suffisant pour que toutes les parties prenantes puissent agir pour protéger les femmes contre la violence électorale et promouvoir la participation politique et électorale des femmes. Ce qu’il faut, c’est la volonté de s’engager et de le mettre en œuvre » a conclu Soulef Guessoum. FIN

 

Crédo TETTEH, envoyé spécial à Accra