Les présidents et délégués des 36 fédérations du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) – deuxième force politique de l’opposition fortement secouée depuis environ un an par une crise interne ont mis en place ce samedi, un comité ad hoc chargé de gérer les affaires courantes pendant deux mois, a constaté une journaliste de l’Agence Savoir News.
Cet acte met ainsi fin à la gestion de Me Dodji Apévon à la tête de cette formation politique qu’il dirige depuis 2008.
La fumée blanche était apparue, après quelques heures de conclave dans un hôtel de la capitale togolaise. Ce comité, composé de 19 membres, est présidé par Awuku Nador.
Le député Jean Kissi, conserve son siège de secrétaire général, au sein de cette structure intérimaire et Kodzo Awudi (président de la jeunesse du parti), devient commissaire à la communication.
Principale mission assignée à ce comité ad hoc : gérer les affaires courantes du parti et tenir dans un délai de 60 jours, un congrès extraordinaire électif.
« Depuis le 23 novembre, notre parti est entré malheureusement dans une crise à des fins inavouées. Dieu merci, elle prend fin définitivement aujourd’hui. Le CAR est désormais délivré avec la mise en place de ce comité », a déclaré devant des caméras et micros des journalistes, Awuku Nador, coiffé d’un bonnet rouge (couleur du parti), avec un foulard au cou.
« Ce comité travaillera à consacrer le retour d’une méthode abandonnée et dont un seul homme connaissait les tenants et les aboutissants: Me Yawovi Agboyibo », a-t-il martelé.
Selon lui, il ne s’agit pas du retour d’un homme, mais plutôt le retour d’une autre façon de faire la politique et « rien ne peut arrêter ou inquiéter le comité de gestion intérimaire dans l’accomplissement de sa mission ».
« La lutte piétine, stagne et les populations ne savent à quel saint se vouer. Par faute d’alternative crédible, elles continuent de croire que le refus de tout dialogue demeure la meilleure voie pour trouver des solutions à leurs problèmes, notamment ceux des réformes sociopolitiques et institutionnelles », a-t-il souligné.
« Nous lançons un appel vibrant à tous les militants du CAR, partout où ils se trouvent que la crise est derrière nous. Le CAR a repris du service. Il n’y a pas et il ne doit jamais avoir de doute que notre parti ne reprenne sa place d’antan. Le comité ad hoc demande par la même occasion au gouvernement et à la communauté internationale de trouver en ce comité le seul interlocuteur concernant ce parti politique », a précisé Awuku Nador.
La guerre des +gladiateurs+
La crise qui secoue le CAR serait née du refus du président de ce parti Me Dodji Apévon, de tenir le congrès devant élire un nouveau.
Argument toujours balayé du revers de la main par ce dernier.
Le 18 octobre, les membres de la coordination nationale et des présidents fédéraux, ont rendue publique, une déclaration constatant le « vide créé par le non renouvellement » des organes de ce parti, d’où la rencontre tenue ce samedi.
« Nous déclarons solennellement que les organes nationaux issus du congrès de 2008 sont tombés dans un vide statutaire à compter de mardi 18 octobre », soulignait la déclaration fortement relayée par les médias privés.
Selon certains observateurs avertis, les causes de cette crise sont plutôt lointaines, et les militants n’assistent en réalité qu’à une guerre des deux +gladiateurs+ du parti: Me Dodji Apévon et Me Yawovi Agboyibo (président d’honneur) à qui beaucoup prêtent l’intention de reprendre la tête du parti.
En silence, les deux hommes se sont livrés une guerre sans merci pendant plusieurs mois.
Le clou s’est complètement enfoncé dans la plaie ces derniers jours, avec la sortie fracassante de Me Apévon, à travers un communiqué de presse dans lequel il s’en est pris violemment son +ancien guide+.
« Il est malheureux de constater que Yawovi Agboyibo a choisi résolument de mettre son intelligence et son énergie au service du mal et n’est prêt à reculer devant aucune vilenie pour parvenir à ses fins », écrivait-il.
« Il y a longtemps que Me Agboyibo a planifié de revenir vaille que vaille à la tête du CAR ou à défaut, d’y mettre celui qui est plus disposé à faire ses quatre volontés, même si l’exécution de ce plan machiavélique doit passer par la liquidation du parti. Il est fier d’avoir réussi à détruire par ses coups bas et des manipulations, ce grand parti (…) », avait ajouté Me Apévon, qui se prépare dans les coulisses à lancer sa propre formation politique.
A qui profite la scission de cette vieille formation politique de l’opposition? « Le malheur des uns, fait le bonheur des autres », disait l’autre. En politique, toutes les occasions sont bonnes à exploiter, si quelqu’un laisse sa garde ouverte. Dans ces genres de crises, les morceaux sont difficiles à recoller, et les premiers à subir les conséquences, sont les militants et sympathisants du parti.
« C’est vraiment malheureux que nos dirigeants aient laissé la situation pourrir complètement. Je suis embarrassé, car je ne sais qui soutenir dans ce brouhaha », a confié à l’Agence Savoir News, un militant +chaud+ du CAR (totalement désabusé), rencontré à la sortie de la rencontre de ce samedi. FIN
Abbée DJAGLO / Rédaction
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