Mme Olatokunbo Ige : « Le Togo reste toujours membre des Nations Unies et doit respecter les concepts et les mécanismes »

Le bureau du Haut-commissariat des Nations-Unies aux droits de l’Homme (HCDH) au Togo va définitivement fermer ses portes à Lomé le 30 juin prochain pour des « contraintes budgétaires ».

Dans une interview à un groupe de médias dont l’Agence Savoir News, Mme Olatokunbo Ige Représentante du HCDH revient sur les activités menées par son Institution, après environ 9 ans au Togo, les grandes actions menées, les perspectives et défis.

« Le bilan pour nous est satisfaisant, parce que le Togo a fait des progrès en matière des droits de l’homme (…) Mais, nous ne sommes pas encore arrivés à un niveau de perfection », a affirmé Mme Olatokunbo Ige.

Le HCDH avait établi son bureau à Lomé en novembre 2006, sur demande des autorités togolaises, au lendemain de la présidentielle d’avril de 2005 émaillée de violences et de morts.

Précisons que le HCDH a pour mandat, notamment, de veiller au respect des règles et principes des droits de l’Homme et du droit international humanitaire, de conseiller et d’assister les autorités togolaises sur les stratégies, les programmes et les mesures à mettre en œuvre pour promouvoir et protéger les droits de l’Homme au Togo.

Selon certains observateurs, le Togo a bénéficié de sa présence pour réaliser des progrès dans le domaine du respect des droits de l’homme, ces dernières années.

Question : Vous avez ouvert un bureau au Togo pour la protection et la promotion des droits de l’homme. Environ neuf ans après, dites-nous concrètement ce que vous avez pu réaliser ?

Mme Olatokunbo Ige : Comme vous le savez, le bureau a été établi au Togo sur la base d’un accord entre le gouvernement togolais et le bureau du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.

Entre autres, le bureau a eu un mandat pour protéger et promouvoir les droits de l’homme en appuyant le gouvernement, la société civile et les institutions. Mais les premiers rôles étaient d’aider le gouvernement togolais à prendre ses responsabilités pour la protection et la promotion des droits de l’homme. Aujourd’hui, nous sommes en train de préparer nos valises pour fermer ce bureau, pas parce que nous pensons que tout a été accompli. Mais, parce que dans le monde entier, il y a une grande attente de notre bureau pour appuyer les Etats membres des Nations Unies pour les questions des droits de l’homme.
Le financement nous fait également défaut. Donc le siège a décidé de réduire notre présence dans les pays où il a été noté un peu de progrès, même si la situation est un tout petit peu fragile.
Mais nous continuerons à appuyer ces pays dont le Togo, par le biais du siège ou du bureau régional à Dakar.

Q : Pouvez-vous nous dresser le bilan du bureau du HCDH, après environ 9 années d’activités au Togo ?

R : Le bilan pour nous est satisfaisant parce que le Togo a fait des progrès en ce qui concerne les droits de l’homme, même s’il y a un grand défi à relever. Le Premier ministre lui-même a reconnu hier, dans son discours lors de la cérémonie de clôture de nos activités. Les réalités que nous vivons au Togo, nous montrent la même chose.
Mais la fermeture physique du bureau ne veut pas dire que le Haut-commissariat se désengage de ses responsabilités envers le Togo. Avant de s’implanter physiquement ici, le siège du HCDH avait des relations avec le Togo. Le Togo reste toujours membre des Nations Unies et va respecter les concepts et les mécanismes. Le bureau du secrétariat continuera à poursuivre son appui au Togo.

Q : Quelles sont les actions concrètes à mettre l’actif de ce partenariat entre le Togo et le HCDH ?

R :

C’est aux Togolais de nous juger, mais nous pensons à notre action sur le programme de la justice transitionnelle, de l’initiation même du processus de consultations nationales qui a conduit à l’établissement de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR) et du Haut Commissariat pour le Renforcement de la Réconciliation et de l’Unité Nationale (HCRRUN).

Le travail que nous avons fait dans l’administration de la justice et que nous allons continuer de faire, les questions liées à l’impunité, les questions d’harmonisation des lois togolaises avec les obligations internationales dont quelques révisions des lois, y compris les discussions en cours sur le nouveau code pénal etc…

Mais il y a surtout, la mise en œuvre des recommandations de la CVJR qui devrait continuer pour que la situation ne soit pas seulement liée au rapport mais que les recommandations soient aussi prises en compte sur le terrain pour l’amélioration de la situation au Togo.

Q : Quelles sont les actions concrètes à l’endroit des acteurs de défense des droits de l’Homme ?

R :

Nous pensons que nous avons fait une contribution parce qu’aujourd’hui, nombreux sont les Togolais qui connaissent leurs droits et savent les défendre. Lorsque nous prenons les 800 observateurs des droits de l’homme et le programme de monitoring, c’est un acquis pour le Togo. Car les organisations de la société civile nous ont rassurés, lors de notre conférence de clôture, qu’ils vont poursuivre les objectifs à atteindre.

Q : Peut-on dire que vous êtes arrivés à un niveau de perfection ?

R : Non. Je ne crois pas qu’on peut dire que nous sommes arrivés à un niveau de perfection. Mais, aujourd’hui nous n’avons pas la même situation comme en 2005. Nous espérons que le gouvernement — c’est ce qui est aussi important — va continuer dans le même sens.

Q : Quel sera le sort de vos collègues qui vont rester sur place au Togo

R :

Je pense que nous allons les suivre. Au niveau des Nations-Unies, nous avons pris des dispositions pour qu’il y ait des vacances de bourses qu’on puisse les insérer. Ils sont déjà qualifiés et peuvent postuler au niveau du HCDH. FIN

Propos recueillis par Abbée DJAGLO

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