Incendies Lomé/Kara: Message de « compassion et de réconfort » des Evêques qui invitent les togolais à « vivre une solidarité digne de notre Dieu »

Les Evêques du Togo ont adressé ce mercredi un message de « compassion et de réconfort » aux commerçantes et commerçants dont les marchandises ont été brûlées dans les incendies qui ont ravagé le marché de Kara (nord) et le principal bâtiment du grand marché de Lomé la semaine dernière.

« C’est avec le cœur vraiment endolori et meurtri que nous, vos Pasteurs, venons vous rejoindre en cette occasion de grande souffrance pour les uns et les autres, et de désarroi pour notre peuple tout entier », écrivent les Evêques dans un « message de compassion et de réconfort » dont l’Agence Savoir News a obtenu copie.

« En effet, le Togo, notre pays, qui peine à sortir des multiples crises qui l’ont secoué et qui continuent de le secouer, le Togo, disons-nous, vient d’être durement frappé, dans un secteur des plus sensibles et des plus essentiels de son existence. A travers les incendies qui se sont déclenchés ici et là, et plus particulièrement dans les marchés de Kara et de Lomé-Adawlato, c’est toute l’économie togolaise qui, en fait, est mise à nouveau à rude épreuve », soulignent les Evêques.

« Mais c’est, avant tout, l’effort de tant et tant de Togolaises et de togolais qui est ainsi emporté par les flammes. A travers ces centres commerciaux d’une importance capitale pour la vie de notre peuple, c’est notre Nation tout entière qui est consumée par le feu. Devant ce drame, une question revient, insistante, sur nos lèvres : pourquoi ? », s’interrogent-ils.

Pour ces Evêques, « souvent devant des souffrances comme celles causées par les incendies de ces jours, les hommes semblent mettre Dieu en cause en s’interrogeant : +Pourquoi Dieu a-t-il permis cela+? Oui, pourquoi Dieu a-t-il permis que le feu détruise les marchés, réduisant à néant le travail de plusieurs journées sans repos et de longues nuits de veille ? Pourquoi Dieu a-t-il laissé les flammes détruire ce qui permet à des milliers de nos concitoyens de vivre et de s’épanouir, tant soit peu, dans ce pays déjà si durement éprouvé ? Pourquoi Dieu s’était-il montré absent, alors que brûlaient les biens et denrées de personnes, surtout de femmes, qui se battent au jour le jour pour assurer un certain bien-être à leurs familles et à ces frères et sœurs dont ils ont la charge ? Pourquoi ? Oui, pourquoi ? ».

« Ces +pourquoi+ adressés à Dieu veulent sonder le sens de la souffrance humaine ; ils constituent en même temps une interpellation et un défi en présence desquels le chrétien ne peut ni rester indifférent, ni apporter une réponse qui donne vraiment satisfaction, si l’on ne se réfère pas à la foi. Ils risquent même de nous éloigner de Dieu, notre Créateur et Sauveur, parce que, pensons-nous peut-être, son amour ne nous aurait pas secourus au moment où nous en avions besoin. Et l’on pourrait en arriver à une négation de Dieu », soulignent-ils.

« La Parole de Dieu nous enseigne que toute l’histoire du salut est une histoire de souffrance. Et les +pourquoi+ y sont nombreux et diversifiés. Nous pourrions retenir, entre tant d’autres, ceux du saint homme Job. En effet, nous connaissons tous +l’histoire de cet homme juste qui, sans aucune faute de sa part, est éprouvé par de multiples souffrances. Il perd ses biens, ses fils et ses filles, et finalement il est lui-même atteint d’une grave maladie+ (Salvifici Doloris, 10). On pourrait deviner aussi ceux des parents des saints innocents que Hérode a fait massacrer, dans l’intention de mettre fin à la vie de ce petit roi juif dont les Mages lui ont annoncé la naissance (Mt 2, 16-18). Oui, les +pourquoi+ sont nombreux dans la Bible, et pourtant, celle-ci est parole révélée du Dieu Vie-et-Amour. Et c’est dans la foi en ce Dieu si proche de nous, qui partage nos joies et nos peines, que nous pouvons, en tant que croyants et chrétiens, accueillir le mal et la souffrance, et en faire des offrandes d’agréable odeur », expliquent longuement les Evêques.

« Au cœur de la souffrance que nous vivons ces jours-ci, vos Evêques viennent vous convier à la foi, à l’espérance et à la charité », soulignent-ils.

En adressant ce message de compassion et de réconfort aux « sinistrés », les Evêques invitent aussi les togolais à « vivre une solidarité digne de notre Dieu ».

« Que spontanément, individuellement et en groupes, notre charité vienne au secours de ceux et celles qui ont tout perdu et qui, d’une manière ou d’une autre, se retrouvent dans la gêne, suite aux événements que nous déplorons tous. Que les mains se tendent généreusement, entre familles, dans nos communautés paroissiales et diocésaines. Que toute la Nation soit unie dans la souffrance, dans l’espérance, et dans la victoire de Celui (Jésus) qui se penche continuellement, et de façon permanente, sur notre misère », indiquent-ils.

Les Evêques invitent les structures caritatives de l’Eglise catholique et toutes les Associations d’aide de notre pays, ainsi que la Communauté Internationale, « à se mobiliser afin de nous venir en aide ; car, nous en sommes convaincus, le Togo ne saurait se relever tout seul de ces sinistres ».

« Qu’il nous soit permis aussi d’interpeller tous et chacun, et plus particulièrement ceux qui ont en charge la conduite des affaires de notre pays ; puissions-nous rester vigilants et prendre toutes les dispositions pour qu’à l’avenir, un tel drame ne se produise plus jamais sur la terre de nos aïeux. Aujourd’hui plus que jamais, nous croyons que, sans le Seigneur, nous ne pourrions rien faire (cf. Jn 15, 5) », ajoutent-ils.

Rappelons que le gouvernement a qualifié « d’actes criminels », ces incendies et a mis en place une commission composée d’officiers de police et de gendarmerie, placée sous l’autorité du Procureur.

Les forces de sécurité et de défense ont arrêté « un mode d’opération en vue de renforcer la protection des personnes, des biens et des édifices publics sur toute l’étendue du territoire national ».

L’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo a été interpellé ce mercredi pour être entendu dans cette affaire. Ce dernier a été interpellé peu après la levée de son immunité parlementaire. M.Kodjo a été également président de l’Assemblée nationale de 1999 à 2000. FIN

Junior AUREL

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