On s’achemine progressivement vers la fin d’année. Dans plusieurs secteurs d’activités, c’est la période des pré-bilans. Quel bilan peut-on dresser des dix mois écoulés au sein de la presse privée togolaise? L’Agence Savoir News s’est rapprochée de Crédo Tetteh, le secrétaire général de l’Union des Journalistes Indépendants du Togo (UJIT).
Pour ce dernier, des efforts continuent d’être faits, afin que le journaliste puisse mieux vivre de sa profession. Mais du côté du côté du respect de l’éthique et de la déontologie, la presse privée togolaise a « régressé ».
Savoir News : Nous sommes pratiquement à l’heure des petits bilans, car on s’achemine vers la fin de l’année. Quel comportement la presse privée togolaise a-t-elle adoptée durant les dix derniers mois? Pensez-vous que la situation s’est améliorée par rapport à l’année dernière ?
Crédo Tetteh : Je ferai l’analyse par rapport à deux axes: le respect de l’éthique et de la déontologie et les conditions de travail du journaliste:
D’abord les conditions de travail du journaliste: des efforts continuent d’être faits, afin que le journaliste puisse mieux vivre de sa profession. En ce sens, nous avons l’obligation d’aller à la convention collective, mais il faut également que nous journalistes, nous ayons cette notion de responsabilité. Car, c’est en étant responsables que nous pouvons faire prospérer cette profession et également espérer en récolter les fruits.
Du côté de l’éthique et de la déontologie: ces derniers temps, je dirai que nous avons régressé. Si nous considérons certaines pratiques, certains types de journalisme qu’on développe à dessein. Nous nous posons la question de savoir si c’est réellement ce que le journalisme veut dire ou c’est ce que le journaliste veut. Depuis un certain temps, nous avons fait la remarque qu’on laisse de côté le métier de journalisme et on devient communicateur ou celui qui fait de la propagande pour une idéologie politique. C’est un égarement, mais je suis confiant que nous allons nous ressaisir.
Savoir News : A quand la convention collective des journalistes au Togo ?
Crédo Tetteh : C’est pour très bientôt. Je ne pourrai pas donner de date précise, en ce sens que nous continuons toujours dans les coulisses, les discussions avec les patrons de presse. Et très bientôt, nous irons à la seconde négociation et nous formulons le vœu que cette négociation soit le moment propice pour aller à la signature de la convention collective. A l’ensemble des journalistes, je dirai que l’idée de la convention collective n’est pas une rébellion que nous devons développer contre les patrons de presse, mais cela doit nous engager à être beaucoup plus responsables.
Savoir News : Selon certains observateurs, la presse privée togolaise a encore du chemin. Ils relèvent pêle-mêle, des diffamations des titres ronflants avec des contenus vides, des titres sensationnels, absence d’analyses et de bons éditos. Qu’en dites-vous ?
Crédo Tetteh :
Je dis que ces observateurs ont raison de relever ces insuffisances. Nous y travaillons, mais j’avoue que la plupart de ces observateurs ne se sont pas trompés. Ils ont fait de très bonnes remarques, mais il faut que nous-mêmes, nous nous remettions en cause. Je l’avoue, le travail n’est plus fait de manière professionnelle et on verse beaucoup plus dans la diffamation et nous nous posons la question suivante: où se trouve l’intérêt du journaliste en travaillant ainsi ?Savoir News : A quoi cela est dû ?
Crédo Tetteh : On ne dirait pas que cela est dû uniquement à la précarité du journaliste ou de la profession, mais c’est un manque de volonté ou une volonté délibérée du journaliste de ne pas respecter l’éthique de la déontologie.
Savoir News : Beaucoup de gens reprochent aux journalistes des médias privés d’être plus politiques que les acteurs politiques eux-mêmes. Etes-vous du même avis que ceux-là ?
Crédo Tetteh
: Je partage l’avis dans ce sens que nous avons constaté que la chose politique nous intéresse beaucoup. Certes, elle doit nous intéresser, mais nous devons en tant que journaliste, faire parler les hommes politiques et non essayer de parler à leur place. Nous ne pouvons pas supplanter les hommes politiques. Mais, le constat c’est que nous voulons même prendre la place des politiques jusqu’à ce que des fois, nous ne réfléchissons plus par nous-mêmes, mais par ces politiques.Savoir News : L’UJIT a organisé récemment, une formation des journalistes sur leur implication dans le processus de développement du Togo. Qu’est ce qui a poussé l’UJIT à prendre cette initiative ?
Crédo Tetteh : Ce qui a poussé l’UJIT, c’est justement de s’éloigner un peu de cette politique politicienne de la part des journalistes pour dire qu’il y a des sujets plus importants, plus utiles à la société que nous devons développer. C’est pourquoi avec CADERDT, nous avons initié cette formation sur l’implication des médias dans le processus de développement.
Je crois que, lorsque nous allons peaufiner ce sujet, nous serons utiles à la société que de raconter ce que nous ne maîtrisons pas totalement en politique.
Savoir News: Le Primature vient de mettre fin brutalement au projet « Citoyenneté/ Education civique ». Pour quelle durée les documents avaient été signés avec l’ex Premier ministre Gilbert Houngbo ?
Crédo Tetteh : Je crois que ce contrat a été fait ensemble avec le conseil national des patrons de presse (CONAPP). L’UJIT n’était pas associée à la documentation de ce contrat de travail sur la notion d’éducation civique. Mais j’avoue que l’implication des médias sur cette thématique a fait évoluer un temps soit peu les choses. Aujourd’hui, avec un nouveau Premier ministre et de façon brute, il a été décidé de ne plus faire prospérer ce projet. Je dirai que cela ne va pas dans l’intérêt de la nation togolaise, parce que le travail que font les journalistes en sensibilisant les gens sur les notions civiques, est un travail que le gouvernement devrait faire. Nous avons vu dans ce pays, qu’il y avait entre temps une direction de l’éducation civique, mais celle-ci est devenue quoi ? Aujourd’hui, elle est devenue inexistante. Si l’ex Premier Ministre Gilbert Houngbo a jugé utile d’accompagner les médias dans ce sens, je crois que cette action doit être pérenne au lieu de l’estomper de cette façon. Je voudrais croire que le Premier ministre Ahoomey-Zunu ne l’a pas estompé totalement, mais qu’il a voulu faire un arrêt pour repenser la chose. Donc, je lui accorde le bénéfice du doute tout en l’invitant à revoir rapidement sa copie et à mettre les médias au centre de toutes ses actions. FIN
Propos recueillis par Lambert ATISSO
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