Gabriel Segniagbeto : « Notre objectif est de mettre les populations dans la logique d’accepter le retour du parc national de l’Oti-Kéran »

Entre décembre 2011 et mai 2012, l’Ong « AGBO-ZEGUE », spécialisée dans la protection de l’environnement au Togo a mené une série d’activités dans le nord-Togo. Quelles sont ces activités? Et pourquoi sont-elles menées? Voilà autant de questions posées à Gabriel Hoinsoude SEGNIAGBETO, Zoologiste, enseignant chercheur à la Faculté des Sciences de l’Université de Lomé et Directeur Exécutif de « AGBO-ZEGUE ». Lisez

Question: L’Ong « AGBO-ZEGUE » vient de procéder à la réalisation d’une série d’activités dans les préfectures de la Kéran et de l’Oti. En quoi ont consisté ces activités ?

Gabriel SEGNIAGBETO: Il s’est agi des rencontres de sensibilisation et d’échanges avec les populations puis les autorités administratives et locales de ces deux préfectures du Nord-Togo pour trouver les voies et moyens devant permettre la restauration dans les meilleures conditions des ressources naturelles du Parc National Oti-Kéran (PNOK) détruites en grande partie à l’occasion des mouvements liés à la démocratisation du Togo. Ces activités entrent dans le cadre du « Projet de Gestion des Territoires de conservation en Afrique de l’Ouest » qui est également mis en œuvre au Bénin, Burkina Faso, Ghana et Niger par des ONG locales.

Spécifiquement, ce projet vise à aider les collectivités locales à identifier, planifier et mettre en œuvre les actions d’aménagement et de gestion de leurs propres terroirs, à impliquer les acteurs de la petite chasse dans la gestion des ressources fauniques et ligneuses du parc et à réduire les pressions exercées sur ses ressources à travers le développement de l’agriculture durable et l’élevage des volailles et de petits ruminants dans les villages riverains. Et dans la dynamique de ce projet, «AGBO-ZEGUE ONG» a reçu du FFEM (Fonds Français pour l’Environnement Mondial) à travers l’UICN-PAPACO (Programme Aires Protégées de l’Afrique Centrale et de l’Ouest de l’Union Mondiale pour la Conservation de la Nature) un appui financier pour réaliser une première phase du sous-projet intitulée « amélioration de la conservation du PNOK à travers la gestion décentralisée des ressources naturelles dans quatre villages des zones rétrocédées» que sont N’GAMBI et TAKPAPIENI dans la préfecture de l’OTI puis OULOULITA et KPELINGA dans la préfecture de la KERAN.

Comment vos messages ont-ils été accueillis par les populations

Très bien. Nous avons discuté d’égal à égal en tant que partenaires et harmonisé nos vues pour l’avenir de ce parc qui a largement contribué par le passé à la réputation du Togo en matière d’environnement. Ce qui nous a surtout émerveillés, c’est que les populations ont compris la nécessité de restaurer ce Parc et parfois regrettent l’avoir détruit. Nous pensons qu’avec le temps, tout rentrera en ordre et ce Parc fera encore la fierté du Togo. Et puis, nous profitons de l’occasion ici, et c’est important de le souligner, pour remercier les autorités administratives de la région pour l’accueil et le soutien qu’elles ont manifesté à l’égard de l’équipe de l’ONG «AGBO-ZEGUE».

En tant qu’enseignant chercheur, pourquoi un tel intérêt pour les aires la brousse et ce qu’elle comporte; on vous croit plutôt plus à l’aise dans les amphithéâtres des universités du Togo ?

C’est vrai qu’un enseignant-chercheur doit être dans amphis ou passer son temps dans les laboratoires à travailler sur des spécimens d’animaux ou de végétaux pour des publications scientifiques. Il y a aussi un autre aspect plus valorisant du travail scientifique que nous ne devons cependant pas ignorer. C’est d’aider à la conservation des ressources faisant objet de nos recherches. D’autre part, durant toute notre formation universitaire, nous avons souffert de l’absence ou de la rareté de certaines espèces animales que nous avons eu du mal à rencontrer dans les forêts et particulièrement dans les aires protégées en raison de l’état avancé de leur destruction.

Aujourd’hui, pour permettre à mes étudiants de ne plus être confronté à la même réalité, nous voulons dans la logique des actions que l’Etat Togolais mène, aider à la restauration de cette aire protégée. De l’autre côté, n’oublions pas le rôle écologique, économique, culturel, social, etc. de nos forêts. Le Parc National de l’Oti-Kéran est et sera un outil de développement pour les deux préfectures qui le partagent surtout dans le cadre de la politique de décentralisation.

Les futures communes rurales auront besoin d’intégrer ce parc dans leur plan de développement. En ceci, l’objectif l’ONG AGBO-ZEGUE est de mettre les populations dans la logique d’accepter le retour du parc (particulièrement le parc national de l’Oti-Kéran) surtout au moment où l’Etat Togolais par le biais du Ministère de l’environnement et des Ressources Forestières est en train de mettre en œuvre grâce à l’appui du PNUD le projet de conservation du système national d’aire protégée financé par le FEM (Fonds Mondial pour l’Environnement). FIN

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