TROIS QUESTIONS A…. Agbéyomé Kodjo, président de l’OBUTS (Opposition)

« La démission de Gilbert Houngbo est un épiphénomène face à la gravité de l’impasse sociopolitique actuelle », a estimé Agbéyomé Kodjo, le président de l’Organisation pour Bâtir dans l’Union un Togo Solidaire (OBUTS) dans une interview à l’Agence Savoir News pour sa rubrique TROIS QUESTIONS A…

Pour le président de l’OBUTS, « aucune participation au gouvernement n’est possible sans la satisfaction totale des préalables posés par le Collectif +Sauvons le Togo+ ».

Rappelons que M.Houngbo a présenté mercredi dernier, « sa démission, ainsi que celle de son gouvernement. Le Président de la République l’a acceptée et à cette occasion, lui a demandé d’expédier les affaires courantes ».

Savoir News: Comment analysez-vous la démission de Gilbert Houngbo?

Agbéyomé Kodjo: La démission de Gilbert Houngbo est un épiphénomène face à la gravité de l’impasse sociopolitique actuelle. Quelles que soient les raisons évoquées par les uns et les autres, il y a une constante qui s’impose à tous. Houngbo a échoué sur tous les plans nonobstant ses compétences et toutes les qualités dont il dispose pour redresser le Togo.

Comment peut-il en être autrement quand on sait que sa nomination procède d’une Loi fondamentale vidée du pouvoir conféré au chef de gouvernement par le référendum du 27 septembre 1992 ? Il a donc été vite neutralisé malgré l’avalanche de ressources financières internationales engrangées durant son passage, et n’a servi que de simple caution à un système prédateur gangrené qui n’a qu’une seule ambition : régner sans discontinuer sur le Togo, pour le bonheur et la prospérité d’une famille et d’un clan.

Stratégiquement et en terme d’éthique politique, cette démission est tardive et déshonorante pour lui à voir le contexte de violation systématique des droits humains et constitutionnels, de coups de force politico-juridiques et d’indicible désespérance sociale dans lequel elle est survenue. Par ailleurs, contrairement à la propagande des thuriféraires du régime, cette démission – nonobstant les manœuvres politiciennes déployées pour la polir – est le révélateur par excellence de l’imminente décadence de la dictature militaro clanique incarnée par Faure Gnassingbé!

Savoir News: Des consultations sont engagées par le Chef de l’Etat, « afin que tous ceux qui le souhaitent apportent dans un esprit constructif leur contribution à la consolidation de la relance économique et à l’affermissement de l’Etat de droit et d’une démocratie consensuelle, ouverte à tous ». Accepteriez-vous ce poste, si Faure Gnassingbé vous faisait la proposition? Pourquoi?

Agbéyomé Kodjo: La décision du Bureau Politique de OBUTS ainsi que celle du Collectif Sauvons le Togo est claire. Aucune participation au Gouvernement de Faure Gnassingbé n’est possible sans la satisfaction totale des préalables posés par le Collectif Sauvons le Togo, de même que l’examen et la mise en œuvre de notre plateforme citoyenne pour un Togo démocratique publiée le 4 juin 2012.

Le système RPT-UNIR repose sur des dysfonctionnements voulus et entretenus qui assurent sa pérennité, au grand désarroi des populations devenues « sujets » de la dynastie monarchique qui régente notre pays. Tant que ces dysfonctionnements sans cesse décriés par les forces de l’alternance et du changement démocratique ne seront pas corrigés dans une dynamique commune de remise à plat totale de la gouvernance du Togo, la démocratie restera un leurre, l’injustice et l’arbitraire une banalité, l’impunité la règle d’or, la prédation des libertés publiques et des ressources nationales le sport favori de la Nomenklatura.

Savoir News: D’aucuns estiment que M.Houngbo a fait les frais des manifestations du Collectif « Sauvons le Togo ». Ne pensez-vous pas que le départ du chef de gouvernement est plutôt une stratégie politique, ce dernier ayant affiché ses intentions « politiques » le 23 avril dernier? (nous sommes à quelques mois des législatives).

Agbéyomé Kodjo: Une chose est sûre et qui ne peut tromper personne, Gilbert Houngbo faisait partie de l’aile modérée de la dictature militaro-clanique, et était disposé à engager un dialogue avec l’opposition réunie au sein du Collectif Sauvons le Togo. Tous les observateurs proches du dossier ne pourront l’infirmer.

Son départ au cœur de la tempête politique actuelle est loin d’être stratégique, pour preuve il est parti le profil bas, et comptable d’un cuisant échec devant le Souverain Peuple togolais dont il pourrait espérer un quelconque suffrage. Par ailleurs, concernant la pseudo ouverture stratégique serinée par les séides de la dictature militaro-clanique, il est particulièrement édifiant d’acter que le CAR et la CDPA, partis ayant pris part à la fondation du Collectif Sauvons le Togo, à l’instar de notre mouvement citoyen qui porte actuellement la Résistance citoyenne du Peuple togolais, ont opposé un refus motivé à toute participation à l’imposture d’un nouveau gouvernement d’ouverture sans règlement de fond des dysfonctionnements politiques, constitutionnels et institutionnels évoqués plus haut.

Force est donc de constater que les pseudo-stratèges du RPT-UNIR manquent de vision, et que leurs manœuvres politiciennes quelles qu’elles soient sont vouées cette fois ci à l’échec au regard de l’ampleur de la Résistance citoyenne dans tout le pays. Ce qui indique à suffisance que c’est bien la dynamique impulsée par le Collectif Sauvons le Togo qui semble dicter l’agenda politique actuel dans le pays ! FIN

Propos recueillis par Junior AUREL

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