« TROIS QUESTIONS A » Ourna Gnanta, membre du Comité politique de l’Alliance (opposition)

« Nous réitérons notre appel au dialogue. Et nous invitons tous les acteurs à s’inscrire dans la logique de dialogue pour qu’on ait un calendrier électoral consensuel (…) L’ensemble du processus a accusé un grand retard. Et dire que nous allons organiser des élections crédibles dans les délais, c’est fait une fausse route. Et c’est une grande question qui doit se discuter dans un cadre de dialogue ». Tels sont les propos de Ourna Gnanta, membre du Comité politique de l’Alliance (opposition) dans une interview à l’Agence Savoir News dans sa rubrique « TROIS QUESTIONS A…. ».

Selon ce dernier, « la situation est délétère au point où nous pensons à un recul démocratique dans le pays ». « Ce que le Togo peut considérer comme acquis est entrain de s’effriter, et nous sommes vraiment inquiets », a-t-il souligné, condamnant les « répressions sauvages » des forces de l’ordre lors des manifestations du Collectif « sauvons le Togo ».

Savoir News: Quelles analyses faites-vous de l’actualité politique (manifestations du Collectif « Sauvons le Togo », les interdictions de manifester et la répression)?

Ourna Gnanta: La situation est délétère au point où nous pensons à un recul démocratique dans le pays. Ce que le Togo peut considérer comme acquis est entrain de s’effriter, et nous sommes vraiment inquiets. A l’Alliance, nous ne partageons pas la stratégie du Collectif « Sauvons le Togo ». Et nous n’acceptions également pas la manière dont le gouvernement gère la situation. Nous sommes profondément attachés aux valeurs démocratiques, l’insurrection n’est pas une voie démocratique d’accession au pouvoir. Certes, elle peut faire tomber un régime, mais elle ne garantit pas la stabilité et l’unité nationale. Et nous avons des exemples. Dans ce pays, nous devons œuvrer à trouver des mécanismes qui favorisent la restauration de la confiance entre les fils de ce pays, l’instauration d’une véritable réconciliation nationale.

A travers la stratégie du Collectif « Sauvons le Togo », nous lisons une logique d’insurrection. Il y a des poches de frustrations créées par le pouvoir et qui sont aujourd’hui exploitées pour créer une insurrection. Et c’est réel. La justice est « pourrie », elle constitue un danger pour la République et les juges doivent rapidement tenir leurs états généraux. Toutes ces choses créent des poches de frustrations. Il y a également le problème de l’emploi des jeunes. Ceux qui sortent lors des manifestations ne sont pas nécessairement militants ou sympathisants du Collectif, c’est tout simplement parce qu’ils sont frustrés et ils déversent leur mécontentement sur le pouvoir. Nous disons une chose: l’homme politique ne doit pas surfer sur ces frustrations pour faire davantage de mal à la population. Il faut aujourd’hui, chercher des mécanismes idoines pour aider à sortir de la situation.

Par ailleurs, nous n’acceptons pas également la manière dont le gouvernement gère la situation. Les textes doivent être respectés. Nous avons participé à l’élaboration de la loi sur les manifestations publiques, et je ne pense pas que la tenue d’un meeting dépend des forces de l’ordre. Il faut arrêter les répressions sauvages. A l’Alliance, nous sommes contre la violence exercée contre les manifestants qui sont en réalité des frustrés, car le pays est mal géré.

Je tiens également à préciser quelque chose sur le Collectif « Sauvons le Togo ». La composition de ce Collectif m’intrigue, car il y a amalgame entre droits de l’Homme, politique et cabinets d’avocats.

Il faut que les politiques jouent le rôle politique et les organisations de la société civile, jouent leur rôle. La stratégie du Collectif « Sauvons le Togo », risque de détruire l’élan que prenait la société civile au Togo.

Savoir News: Aujourd’hui, la situation est morose. A l’Alliance quelles sont les propositions de sortie de « crise »?

Ourna Gnanta:

Nous réitérons notre appel au dialogue. Et nous invitons tous les acteurs à s’inscrire dans la logique de dialogue pour qu’on ait un calendrier électoral consensuel. A notre avis, techniquement, les élections ne peuvent plus être tenues dans les délais. Car, nous avons accusé un grand retard: nous n’avons pas de Commission Electorale Nationale Indépendance (CENI, chargée d’organiser ces élections), nous ne savons pas quels kits utilisé etc… L’ensemble du processus a accusé un grand retard. Et dire que nous allons organiser des élections crédibles dans les délais, c’est faire une fausse route. Et c’est une grande question qui doit se discuter dans un cadre de dialogue. Et le cadre prescrit par l’Accord Politique Global (APG) est le Cadre Permanent de Dialogue et de Concertation (CPDC). Alors, nous invitons les autres acteurs politiques à rejoindre ce Cadre.

Savoir News: D’aucuns pensent aujourd’hui à une autre « médiation » ou « facilitation » pour une décrispation du climat politique. L’Alliance s’inscrit aussi dans cette démarche?

Ourna Gnanta: C’est une solution envisageable. Si entre nous, nous n’arrivons pas à nous entendre, c’est la dernière solution: faire venir quelqu’un qui puisse nous amener à nous entendre. On en a eu par le passé. Nous avons connu des médiateurs dont le président Burkinabè Blaise Compaoré qui a fait un travail que je salue. Car c’est sous sa médiation que l’APG a été signé. Ce document est considéré aujourd’hui comme une véritable base de règlement des conflits politiques au Togo. Si le président Compaoré peut continuer, tant mieux. Il faut que la classe politique accepte qu’il continue. Mais, nous pouvons trouver d’autres personnalités sur le continent, qui peuvent aider le Togo à trouver des solutions à ces problèmes. Nous avons aussi des responsables religieux togolais également capables de jouer ce rôle. FIN

Propos recueillis par Junior AUREL

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