C’EST PAS BON: Evitons de transformer les lieux de travail dans l’administration publique en de petits marchés

Assise sur une chaise dans son petit bureau, Eliane, secrétaire particulière, est également vendeuse de yaourt. Tous les matins, cette jeune dame, vient au service avec une glacière contenant de petits pots de yaourt. La marchandise est vendue au personnel du service et à certains visiteurs. Cette activité occupe parfois plus cette jeune dame, en service dans un centre de santé public.

A l’instar d’Eliane, certains agents de l’Etat, pour la plupart des femmes transforment les lieux de travail en de petits marchés où des activités commerciales sont menées au détriment du service pour lequel on est engagé.

« Dans notre service, il y a deux femmes qui se livrent à de petites activités commerciales: la secrétaire particulière qui vend du cake, le chef service personnel qui vend de savons liquide. Je ne les condamne pas, mais je suis parfois gêné, lorsqu’elles laissent leur poste pour circuler dans les autres bureaux. Il arrive des moments où la secrétaire particulière vide son bureau, alors qu’il y a de la visite ou des courriers à transmettre. Ce n’est pas bon », confie Jean, comptable.

« Il arrive des jours où elles vous obligent à acheter chez elles. Parfois, elles me perturbent, parce qu’elles se pointent à des moments où j’ai du travail », se plaint Jean.

Dans le service de Paul, c’est la standardiste qui se livre à ce genre d’activité: « elle vend des jus de citron et de bissap et de tamarin dans de petits sachets. Elle arrive tous les jours au service avec une grande glacière ».

« Cette activité l’occupe si tant, au point où le téléphone sonne parfois dans le vide pendant 5 à 10 minutes. Car elle ne reste jamais sur place. Elle parcourt tous les bureaux du service, avant la fin de la journée. Et elle arrive toujours à écouler la totalité de sa marchandise », raconte Paul.

« Je pense que nos premiers responsables doivent veiller à ces genres de choses dans l’administration publique, parce qu’il y a un peu de laisser-aller », suggère-t-il.

Une petite enquête menée ces deux dernières semaines par des journalistes de l’Agence Savoir News a permis de bien toucher du doigt la réalité.

Sur une dizaine de services publics visités, de petites activités sont menées dans plus de la moitié: vente de yaourt, de bonbons et de chewing gum, de biscuits, de vêtements (surtout pour femmes) etc…

Ces genres d’activités au sein de l’administration publique, ne sont pas seulement l’apanage de petits agents. Certains responsables le font également.

Chez Rita, c’est la directrice commerciale qui vend de sandwich tous les matins: « elle arrive au service avec un gros sacs contenant des sandwichs qu’elle vend à 300 F.CFA l’unité ».

« Selon nos informations, elle passe dans un restaurant de la place où elle est ravitaillée, avant de venir au service. Elle mène cette activité depuis 2008. Le mal, c’est qu’elle abandonne souvent son travail pour ses sandwichs, parce qu’elle doit tout vendre avant 15H, sinon le reste sera gâté », indique Rita.

Certaines femmes vident carrément leur bureau pour ces petites activités génératrices de revenus, transformant l’administration en un lieu de business.

Adjoua, 34 ans, caissière et agent de l’Etat, vend des bijoux et des sous-vêtements pour femmes, depuis une dizaine d’années dans son service.

« C’est une activité que je mène depuis 2002, ce qui me permet d’arrondir mon salaire à la fin du mois. Bien vrai c’est difficile d’être en poste et s’adonner à une autre activité. Mais qu’est-ce que vous voulez ? Le salaire seul ne suffit plus », se justifie Adjoua.

« Ce n’est pas toutes les femmes qui font de petites activités au service qui négligent leur travail. Moi, je suis toujours au poste et je fais correctement mon travail », renchérit Anita, qui vend de tissus pagnes. FIN

Edem Etonam EKUE

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