« A toutes les victimes et à tous ceux qui ont souffert de ces violences aveugles qui leur ont causé tant de tort et de blessure, je voudrais sincèrement dire pardon au nom de l’Etat togolais, en mon nom personnel et au nom des chefs d’Etat qui ont eu à présider aux destinées de notre pays », a déclaré ce mardi le chef de l’Etat Faure Gnassingbé, lors de la cérémonie solennelle du rapport de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR).
La cérémonie s’est déroulée dans la grande salle des fêtes de la nouvelle présidence de la République en présence de plusieurs personnalités: Le Premier ministre Gilbert Fossoun Houngbo, et du président de l’Assemblée nationale Abass Bonfoh.
Le chef de la délégation de l’Union Européenne au Togo, Patrick Spirlet, la Représentante du Bureau du Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH-Togo) Mme Olatokunbo IGE, la Représentante résidente du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) Mme Kardiata Lo N’diaye, ainsi que des diplomates accrédités au Togo dont l’ambassadeur d’Allemagne au Togo Joseph Weiss étaient présents.
Charles Konan Banny, le président la Commission Dialogue, Vérité et réconciliation (CDVR) de la Côte d’Ivoire a également assisté à la cérémonie.
Le rapport de la CVJR (Premier volet) a été remis par le président de la CVJR Mgr Nicodème Barrigah au chef de l’Etat, après une série d’interventions.
Selon Faure Gnassingbé, « l’Etat togolais ne conteste pas sa responsabilité pour avoir failli à son obligation d’assurer la protection et la sécurité de ses ressortissants, pendant les irruptions de violences du passé. Il doit en conséquence, octroyer aux victimes identifiées et recensées par votre commission, une juste et équitable réparation ».
Le président togolais a demandé « pardon » à toutes les victimes qui ont souffert des violences ; affirmant que l’Etat « conscient », de la profonde détresse morale et psychologique » des victimes, « ne ménagera aucun effort pour prévenir et empêcher la répétition de ces actes attentatoires à la dignité humaine ».
Pour Faure Gnassingbé, la réconciliation est un « objectif et une espérance. Elle est à portée de main, mais elle exige de nous, un effort individuel et collectif constant, pour nous arracher à nos anciennes habitudes, à nos reflexes ethniques et nos mentalités régionalistes qui nous ont trop souvent divisés ».
« La réconciliation exige également de nous, une pratique vertueuse de la civilité, débarrassée de toute arrière-pensée de vengeance ou de revanche. Elle doit se manifester à tout moment, par des actes concrets de tolérance, de respect mutuel et de volonté pacifique de vivre ensemble dans la concorde et la paix », a souligné Faure Gnassingbé.
« Notre choix de réconciliation n’est point aisé, le chemin est ardu et difficile. Nous en avons une claire conscience, mais il demeure à notre seul avis, la seule voix pour préserver l’unité nationale et consolider la cohésion sociale de notre pays », a-t-il poursuivi.
« Je voudrais vous assurer que le gouvernement étudiera avec soins et avec la plus grande attention, vos conclusions et vos recommandations que je sais par avance pertinentes, efficace et réalistes », a promis Faure Gnassingbé.
Le chef de l’Etat togolais a annoncé certaines mesures visant à renforcer l’Etat de droit et à mieux garantir le libre exercice des libertés fondamentales dont la réforme prochaine des institutions sécuritaires et de renseignements, notamment de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR).
« Dorénavant, aucune personne ne sera détenue dans les locaux de l’ANR pour quelque motif que ce soit. Cette mission incombera désormais à l’institution judiciaire, chargée de l’application juste et équitable de la loi », a affirmé Faure Gnassingbé.
Pour la représentante du HCDH-Togo, la fin des travaux d’une commission vérité « n’est que le début d’une nouvelle page de l’histoire où gouvernants et gouvernés doivent apprendre à vivre autrement.
« Elle doit impérativement être marquée par une rupture profonde dans la gestion quotidienne des affaires de l’Etat. Elle ne saurait être oublieuse des droits et des libertés fondamentaux. Elle doit être plus orientée vers une responsabilisation et une plus grande participation des citoyens à la vie politique. Elle inaugure une période où la justice doit revêtir ses lettres de noblesse et les forces de défense et de sécurité, leur caractère républicain », a indiqué Mme IGE.
« Enfin, elle doit se traduire par la reconnaissance des victimes et par une démarche sincère des auteurs à ne pas récidiver. Dans cette perspective, les acquis d’une Commission vérité doivent être capitalisés non seulement pour un arrimage durable du pays au train du développement économique mais aussi et surtout pour une garantie de non répétition des actes de violence et de violations des droits de l’homme », a-t-elle ajouté.
La Représentante résidente PNUD a de son côté, salué « l’engagement personnel » du chef de l’Etat dans la « réussite de ce processus ».
Mme Mme Kardiata Lo N’diaye a également exprimé toute l’appréciation de son Institution « pour l’engagement et le soutien que le gouvernement et l’ensemble des institutions de la république ont apporté pour la réussite de la mission de la CVJR ».
Si ce jour marque la fin du travail de la CVJR, « il représente aussi le début de la phase cruciale de mise en œuvre des recommandations, afin de s’approcher de l’objectif spécifique déterminé en août 2008, favoriser le pardon et la réconciliation nationale », a de son côté, souligné le chef de la délégation de l’UE au Togo.
« L’Union européenne et les partenaires du Togo, restent confiants et engagés, ils analyseront avec beaucoup d’attention ce rapport et la réaction des différentes parties, afin de voir comment accompagner les prochaines étapes », a précisé M.Spirlet. FIN
Junior AUREL
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