C’EST PAS BON: Halte à la défécation à l’air libre dans certains quartiers de Lomé

Selon un rapport publié en 2010 par le Programme commun OMS/UNICEF de suivi de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement (JMP) ; en 2008, sur les 24 pays de la zone d’intervention du Bureau régional UNICEF pour l’Afrique de l’ouest et du centre, le taux de couverture en système d’assainissement améliorés est de 27% . En milieu rural, ce taux n’est que de 20%.

Selon les données de la même source, le taux d’utilisation des latrines au Togo est largement en deçà de cette moyenne sous régionale, puisqu’il n’est que de 12% sur le plan national et de 3% en milieu rural. Environ 78% des populations rurales du Togo soit 2.800.000 personnes pratiquent la défécation à l’air libre.

Dans certains quartiers de Lomé, la pratique est monnaie courante, car pas de latrines dans des maisons, pas de latrines publiques. Les gens vont simplement faire leurs « besoins » dans des maisons abandonnées ou terrains non bâtis ou encore dans des grands dépôts d’ordures.

« Il est très difficile pour nous de respirer à la maison, car des voisins défèquent dans la maison vide située derrière la nôtre. L’odeur est plus suffoquent, lorsqu’il fait vraiment chaud », se plaint Paul, transitaire installé à Hedzranawoé.

« Nous avons saisi le chef quartier, mais rien n’a été fait. Nous voyons tous les matins de grandes personnes – hommes et femmes – escalader le mur de cette maison pour aller faire leurs +besoins+ à l’air libre. Les enfants – ne pouvant pas escalader le mur – défèquent à l’air libre et les +colis+ sont ensuite jetés dans cette maison », ajoute ce jeune transitaire.

Pour Dame Sossi, revendeuse de chaussures, la situation est plus criard,, dans certains coins à Bè où elle vit: « il est fréquent de voir de grandes personnes déféquer à l’air libre tout au long de la lagune. Même en face du Centre Communautaire de Bè, les gens défèquent au bord de la lagune », précise-t-elle.

Le phénomène s’observe même en centre ville, dans l’enceinte du grand dépôt d’ordures d’Amoutivé où des gens défèquent à l’air libre en plein jour.

« L’ambiance est encore plus dense dans l’enceinte les matins de bonheur. Car les gens se bousculent. Certains s’alignent le long du grand caniveau à ciel ouvert pour faire leurs +besoins+ », raconte un conducteur de taxi-moto rencontré dans la zone.

Un journaliste de l’Agence Savoir News qui a tenté faire un petit saut à l’intérieur de ce dépôt, a dû rebrousser chemin. Il a été accueilli par des matières fécales un peu partout, justes à l’entrée du dépôt.

Même constat à la plage – en face de l’Hôtel du Bénin – où les gens défèquent à l’air libre en plein jour.

« Ce sont des images qui ne nous honorent pas. Car, la plupart des étrangers qui arrivent chez nous, passent sur cette voie. Et ce qui les attire, c’est la mer et le beau paysage. Aujourd’hui, il est difficile de faire un tour le long de la plage sans mettre les pieds dans des matières fécales. Ce n’est pas bon. La municipalité de Lomé doit agir », estime un jeune étudiant rencontré à la plage.

« Nos autorités doivent penser à nouvelle politique d’assainissement de nos grandes villes. La construction de latrines publiques – en grand nombre – pourrait mettre fin à cette pratique. L’accès sera subordonné au paiement d’un petit forfait de 25 F.CFA », propose ce jeune étudiant en deuxième année d’anglais.

Le Programme « Assainissement Total Piloté par les Communautés (ATPC) » initié en 2009 par l’UNICEF en collaboration avec le gouvernement togolais dans certaines localités du nord du Togo, pourrait peut-être contribuer à améliorer la situation, s’il est également mis en œuvre dans certains quartiers de Lomé.

Par exemple à Nablou-Piongue, village d’environ 1.600 habitants situé à environ 470 km au nord de Lomé, les familles pratiquaient la défécation à l’air libre jusqu’en juin 2011. Mais suite au déclenchement du Programme « ATPC » le 22 juillet 2011, les 116 concessions – que compte ce village – ont chacune construit leurs propres latrines sans aucune subvention. FIN

Edem Etonam EKUE

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