Dr Michel Kodom (président-fondateur de l’Ong Aimes-Afrique): « Après sept années d’activités, le bilan est globalement satisfaisant »

L’Ong Internationale « Aimes-Afrique » a bouclé le 19 janvier dernier, ses sept années d’existence. Composée de 220 médecins bénévoles, des spécialistes et des chirurgiens qui apportent des services hospitaliers gratuits et l’éducation de la santé aux villages les plus reculés à travers l’Afrique, « Aimes-Afrique » est la première Organisation Non Gouvernementale africaine spécialisée dans les activités médico-chirurgicales humanitaires, créée par un jeune médecin togolais qui se concentre sur la médecine humanitaire et ayant une envergure internationale.
Au moins 10.000 patients ont été opérés avec succès ces médecins aux pieds nus et plus de 300.000 personnes soignées gratuitement.
Selon Dr Michel Kodom, président-fondateur de l’Ong « Aimes-Afrique » dans une interview exclusive à l’Agence Savoir News, le bilan après sept années d’activités est « globalement satisfaisant malgré les difficultés rencontrées en terme de mobilisation des ressources humaines, matérielles et financières ».

Ce dernier invite toutes les bonnes volontés, les institutions à accompagner « Aimes-Afrique » dans l’accomplissement de sa mission, celle d’apporter des soins de qualité à des populations les plus démunies surtout en milieu rural.

Savoir News: Docteur Kodom, présentez-vous.

Dr Michel Kodom: Je suis Docteur Serge Michel Kodom, Président Fondateur de l’Ong internationale Aimes-Afrique, Association Internationale des Médecins pour la promotion de l’Education et de la Santé en Afrique. Médecin Interniste et Directeur de la Clinique Immaculée Conception sise à Lomé. Expert agréé près les cours et tribunaux de la République Togolaise, je suis spécialiste en éducation pour la santé et diplômé en maladies infectieuses et foie à l’Université Pierre Marie Curie, Paris 5, Président d’Honneur des étudiants en médecine et pharmacie de l’Université de Lomé, chevalier de l’Ordre du mono pour services rendus à la nation et fais partir des 10 jeunes les plus remarquables dans le monde en 2011 selon la Jeune Chambre Internationale (JCI). Je suis marié et père de 3 enfants.

Savoir News : « Aimes-Afrique » a fêté le 19 janvier dernier, ses sept années d’existence. Quel bilan pouvez-vous dresser des activités menées par cette Ong?

Dr Michel Kodom:

Avoir été fidèle au fondement de l’Ong Aimes-Afrique, c’est-à-dire le rapprochement des professionnels de santé vers les populations rurales démunies qui n’ont pas accès aux de santé de qualité et qui est toujours de mise au regard aux besoins et les actions menées sur le terrain. Respect de nos valeurs à savoir: l’abnégation, l’innovation, la motivation, l’engagement pour une solidarité sans faille en faveur des populations africaines vulnérables qui sont de plus en plus partagées par les médecins africains.
Pour ma part je pus vous dire qu’en sept années d’activités, le bilan est globalement satisfaisant en dépits des difficultés que vous pouvez vous-même imaginer ?
Nous avons acquis le statut Ong Internationale et présente dans 6 pays de l’Afrique de l’Ouest et 2 en dehors du continent africain à savoir en France et aux USA. C’est encourageant de savoir que les médecins des autres pays veulent s’inspirer de l’expérience commencée timidement au Togo, qui aujourd’hui, a pris corps.
En termes de chiffres, Aimes-Afrique a effectué 300 missions médico-chirurgicales humanitaires. Plus de 10.000 patients ont été opérés gratuitement avec succès au Togo et au Mali. La région maritime au Togo a battu le record avec 2560 interventions chirurgicales gratuites. Plus de 300.000 patients ont été soignés gratuitement, grâce au dévouement de quelque 220 médecins généralistes et spécialistes engagés et 1.000 agents de santé associés. Les médecins de l’Ong ont aujourd’hui, pris conscience que le besoin dans le milieu rural est énormes, sinon catastrophique. Cette population rurale qui constitue plus de 70% de nos populations.
Nous avons initiés plusieurs campagnes de sensibilisation et de dépistage du VIH/SIDA lors des fêtes traditionnelles et rassemblements populaires avec un nouveau slogan: « le test positif n’est pas une fatalité » afin de permettre «à la conscience collective » donc à la population de s’approprier le dépistage comme  » un examen biologique courant ». Plus de 30.000 personnes ont été dépistées et le suivi des personnes séropositives assurées.
Vous n’êtes pas sans savoir que cet exploit a été salué par le Prix qu’Aimes-Afrique a reçu le 2 novembre 2011à Bruxelles à travers ma modeste personne. Il s’agit du Prix Mondial dans la Catégorie « Leadership Humanitaire et Volontariat » dans le Monde en 2011 de la Jeune Chambre Internationale (JCI).

Savoir News: Quelle l’activité majeure qui vous a le plus marqué?

Dr Michel Kodom: L’activité majeure qui nous a marqués c’est la réussite de la mission médico-chirurgicale menée dans la région des savanes du 6 au 26 septembre 2010 au nord du Togo où Aimes-Afrique a pu opérer 1.223 patients en deux semaines. C’est ce qu’on appelle une prouesse médico-chirurgicale. Durant la même période, nous avons pris en charge plus de 10.600 personnes en consultations spécialisées. C’est assez impressionnant. Et je pense aussi que c’est la force de cette Ong qui peut poser ses valises dans une localité et donner la chance à 1.000 personnes, voire plus de se faire débarrasser de leur pathologie chirurgicale en un temps record. C’est un exemple à soutenir pour que nos parents qui souffrent physiquement et psychologiquement puissent être délivrés.

Savoir News: Vous avez sûrement rencontré des difficultés sur le terrain. Si oui, quelles sont ces difficultés? Vous n’avez jamais enregistré de décès lors des interventions chirurgicales?

Dr Michel Kodom:

Nous n’avons pas noté de décès direct au cours de nos interventions. Nos actions sont bénies et gestes guidés par le Saint Esprit…Aussi vu que nous avons des anesthésistes qualifiés, des médecins qualifiés sur le terrain, nous nous préparons psychologiquement et moralement à pouvoir mener à bien nos missions. Bref, dans l’ensemble, tout s’est plutôt bien passé et nous rendons grâce à Dieu, puisque ce n’est pas évident de travailler dans un milieu précaire et enregistrer ces résultats.

Les difficultés majeures sont d’ordre matériel et financier. Pour le fonctionnement interne, Aimes-Afrique vit des cotisations internes qui ne constituent pratiquement rien, face au budget que nous devons mobiliser pour mener à bien nos actions sur le terrain, je peux vous dire que c’est très dur de faire face à l’affluence des cas urgents. Des milliers de patients qui trainent des pathologies vieilles de plus de 10,15 voir 20 ans. Nous avons touché du doigt la pauvreté des populations rurales et nous ne lésinons pas sur les dotations à laisser aux patients pour une bonne guérison.

Nous invitons toutes les bonnes volontés à nous accompagner dans cette dynamique. Nous profitons de l’occasion pour remercier tous ceux qui ont toujours soutenu Aimes-Afrique dans la réalisation de ses missions. Surtout le Chef de l’Etat, qu’ils continuent de nous soutenir…Le Togo a plus que jamais besoin de bons fils travailleurs, soucieux d’apporter leur contribution dans l’amélioration des conditions de vie de leurs concitoyens, car sans les moyens financiers, nous ne pouvons jamais réaliser nos missions qui vont directement au profit des populations démunies.

Savoir News: Quels sont les projets à court terme, notamment pour cette année?

Dr Michel Kodom:

Pour cette année, nous pouvons retenir quatre projets majeurs. Des consultations chirurgicaux-médicales au Togo et dans les autres représentations. Sur le plan national, nous serons dans la région centrale début mars. En juin, les médecins d’Aimes-Afrique poseront leurs valises dans la région des Plateaux. Ils boucleront leur périple dans la région des Savanes en décembre. Pour les campagnes de sensibilisations et de dépistage du VIH/Sida, nous serons encore sur le terrain cette année. Aimes-Afrique sera également sur la Caravane médicale de l’intégration qui touchera 13 pays de l’Afrique, occasion de donner des soins de santé aux populations qui n’ont pas la chance de voir des médecins spécialisés.

Cette caravane sera organisée en partenariat avec la Chaîne de télévision Panafricaine Africable. Toujours au cours de l’année 2012, nous mettrons sur pied, un nouveau projet innovent, dénommé « Villages de Aimes-Afrique ». Ce projet sera dans dix villages au Togo, soit deux villages par région, histoire de donner la chance à ces paysans de bénéficier des soins de qualité et de haut. Nous comptons travailler avec des communautés rurales. L’Ong entend aussi former ses membres, ainsi que des agents des autres corps de métier. Cette formation sera axée sur la médecine humanitaire où mettrons l’accent sur les notions trois notions fondamentales: l’humanitaire, le volontariat et le leadership.

Savoir News: Avez-vous un appel particulier?

Dr Michel Kodom: Nous demandons beaucoup plus de soutien pour mener à bien notre mission. Nous appelons une fois encore aux bonnes volontés. Aujourd’hui, nos actions ne doivent pas être négligées, parce que c’est assez innovent de voir des médecins africains déterminés, motivés et engagés, aller vers des populations à la base. Il faut vraiment des moyens pour les accompagner et surtout les encourager. Aujourd’hui, nous n’avons pas de matériels équipés, pas de car mobile etc… Pourquoi ne pas accompagner une Ong qui fait tant de prouesse sur le terrain? Pourquoi ne pas soutenir Aimes-Afrique en matériel chirurgical pour avoir une autonomie en matériel? C’est un véritable appel que je lance pour qu’Aimes-Afrique soit soutenue dans ses actions. Sinon, à cette allure, nous risquons de jeter l’éponge à mi-chemin surtout au Togo.

Propos recueillis par Junior AUREL

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