Le choix du régime politique adaptable au Togo et le principal sujet au menu des discussions depuis quelques jours au Cadre Permanent de Dialogue et de Concertation (CPDC). A deux reprises, les professeurs Fambara Ouattara Natchaba et Zeus Ajavon ont été sollicités pour éclairer les membres de ce Cadre. Le débat est également très houleux au sein de la classe politique. Pour le Parti Démocratique Panafricain (PDP, opposition) de Bassabi Kagbara, le régime semi-présidentiel est le régime qui convient aux togolais. « Nous avons vu les limites du régime présidentiel dans notre pays. Depuis l’indépendance jusqu’aux années 90. Le régime parlementaire ne garantit non plus la stabilité », a affirmé M.Kagbara dans une interview à l’Agence Savoir News.
Savoir News: Le dialogue au sein du CPDC a repris depuis plusieurs semaines. Certains partis ne sont pas au rendez-vous. Le PDP de son côté participe aux débats.
Bassabi Kagbara:
Le dialogue qui se tient actuellement était un vœu de tous les partis. Aujourd’hui que le gouvernement s’exécute, il faut que nous jouions aussi notre partition. Il y a des décisions très importantes qui vont s’y prendre pour l’avenir de notre pays. Alors on ne peut pas laisser le pouvoir RPT y procéder seul. Surtout que nous sommes à quelques mois des élections très importantes pour l’avenirSavoir News: Votre parti a soumis la dernière fois, un document au CPDC. Quelles sont les grandes lignes de ce document?
Bassabi Kagbara: Dans nos propositions, nous demandons notamment un mandat présidentiel limité à deux, un scrutin uninominal à deux tours, un régime semi- présidentiel ou semi parlementaire qui corrige les abus ou faiblesses du régime présidentiel ou du régime parlementaire pur et la reforme des institutions de l’Etat pour les rendre moins politiques, plus justes et plus équitables, au service du développement du pays. Nous demandons également la mise en place d’une politique pour favoriser la promotion des PME/PMI et encourager le secteur informel qui représente 80% de l’économie. Nous souhaiterions également qu’un majeur soit accordé à la protection de l’environnement et de la qualité de la vie dans la politique de développement de notre pays, etc…
Savoir News: Pourquoi soutenez-vous le régime semi-présidentiel ?
Bassabi Kagbara: Nous avons vu les limites du régime présidentiel dans notre pays. Depuis l’indépendance jusqu’aux années 90. Le régime parlementaire ne garantit non plus la stabilité. Notre pays se trouve aujourd’hui dans un processus de maturation démocratique.
Entre le régime présidentiel et le régime parlementaire, le régime semi-présidentiel se trouve en échelle médiane. Il permet donc de limiter les abus que pourrait engendrer les deux autres. En plus c’est ce régime que les togolais avaient plébiscité en 1992. Enfin, sur un plan psychologique il peut faciliter l’adhésion nationale aux reformes à venir.
Savoir News: Sur la question du régime politique justement, nous avons constaté qu’il y a un bloc de quatre partis (PDP, OBUTS, Alliance et CDPA) qui adopte une position commune.
Bassabi Kagbara:
Il y a effectivement une concertation régulière entre nous et les autres partis frères au CPDC de même qu’avec la société civile pour harmoniser nos points de vue sur les sujets. Sur la question du régime, c’était également la même chose. On ne peut pas pour le moment parler de bloc, mais d’une concertation régulière.Savoir News: Quelle appréciation faites-vous du processus de réconciliation en cours et de l’affaire des neuf députés proches de l’ANC, déchus de leur siège en novembre 2010?
Bassabi Kagbara: Nous voulons nourrir l’espoir pour le processus de réconciliation en cours. Il a été enregistré depuis le début de ce processus par la CVJR des actes à la fois encourageants, mais parfois aussi gênants de la part de certains auteurs ou groupes d’auteurs présumés. Reconnaitre ses fautes ne fait qu’anoblir le repentant et c’est dommage que certains ne le comprennent pas encore aussi simplement. C’est bien dommage ! Mais je crois que la CVJR va trouver une formule qui apaise tout un chacun. Du reste, il y a un travail de terrain très appréciable à encourager.
Sur l’affaire des députés exclus, le PDP souhaite qu’une issue louable soit trouvée à la question qui me paraît beaucoup plus politique que juridique.
Savoir News: Avez-vous un mot sur la mort de Kadhafi ?
Bassabi Kagbara: C’est une fin triste pour ce grand homme et surtout un déshonneur pour l’Afrique. C’est regrettable que l’Union Africaine reste les bras croisés pendant que l’occident vient détruire un si riche pays et décimer sa richesse. L’arbitraire qu’on impose aujourd’hui en Libye et l’assassinat du héros Kadhafi doit réveiller, interpeller une fois encore une conscience panafricaine plus forte aujourd’hui.
Propos recueillis par Lambert ATISSO
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