Réconciliation nationale : Ouverture ce samedi à Kpalimé, des audiences de la CVJR

Des audiences publiques, privées et à huis clos de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) ont officiellement démarré ce samedi à l’hôtel de ville de Kpalimé, localité située à environ 120 km au nord de Lomé, a constaté un envoyé spécial de l’Agence Savoir News.

Des chefs traditionnels, autorités localités, ainsi qu’une foule nombreuse ont assisté à cette cérémonie.

Pour Mgr Nicodème Barrigah-Benissan, président de la CVJR, le périple entamé il y a quelques semaines à travers les différentes régions du pays, arrive bientôt à son terme: « à tous les étapes, l’enjeu de la réconciliation ne laisse indifférent aucun fils de la nation ».

« Les récits entendus, les douleurs partagées, les préoccupations soulevées et mêmes les doutes exprimés sont pour nous le signe que tous les Togolais souhaitent voir des lendemains meilleurs après les dissensions qui nous ont opposés pendant de longues décennies », a-t-il souligné..

« A cet égard, je voudrais, une fois encore rassurer de la détermination des 11 commissaires et de toute l’équipe technique qui nous accompagne à aller au bout de notre mission en proposant des mesures susceptibles de favoriser la cohésion nationale, après avoir fait la lumière sur les causes des violences et conflits qui ont caractérisé, à périodes régulières, notre histoire nationale de 1958 à 2005 », a rassuré le Prélat.

« Mais que valent notre détermination et le savoir-faire de l’équipe technique si les

Togolaises et les Togolais ne prennent pas une part active dans ce processus national ? Que pouvons-nous, en fin des comptes, espérer réussir sans votre contribution ? Quelle réconciliation pouvons-nous réaliser si vous qui êtes les premiers concernés vous ne vous engagez pas dans cette démarche de vérité et de pardon que nous ne nous lassons pas de proposer ? », s’est-il longuement interrogé.

Selon Mgr Barrigah-Benissan, «la phase des audiences, plus que celles des dépositions et des investigations qui l’ont précédée, est une étape participative par excellence».

« Ici à Kpalimé, comme lors des étapes précédentes, Lomé, Dapaong, Kara, Sokodé, Atakpamé, Tsévié et Aného, je sais que des inquiétudes sont exprimées concernant les enjeux des audiences. Nombreux sont ceux qui se demandent, en effet, pourquoi la commission éprouve le besoin de rappeler tous ces événements douloureux, au risque de raviver les plaies et les rancœurs », a-t-il poursuivi.

« A ceux-là qui redoutent que l’évocation des faits passés ne réveille les rancœurs, je voudrais redire que la phase des audiences est une exigence opérationnelle importante de la justice transitionnelle ; elle fait partie des mécanismes de réconciliation que l’on met en place dans les pays qui sortent de conflits ou qui vivent des tensions sociopolitiques récurrentes», a précisé Mgr Barriagh-Benissan.

Ces audiences sont consacrées à des dossiers sélectionnés, sur la base de critères établis par la CVJR, à partir des 1 115 dépositions que nos équipes mobiles ont recueillies dans l’antenne régionale de Kpalimé, a-t-il ajouté.

Pour le préfet de Kloto, « la réconciliation et la paix ne s’imposent aucunement aux hommes, si ce n’est sur désir de se réconcilier avec son prochain », a-t-il souligné.

« Depuis l’installation de la CVJR, beaucoup d’eau a coulé sous le pont et qu’aujourd’hui les Togolais apprécient à leur juste valeur ses activités, car avec le démarrage des audiences, l’espoir est donné aux Togolais de se faire à nouveau confiance et de vivre ensemble, unis par un même désir, celui de la consolidation de la nation togolaise dans la paix », a souligné Apédo Etéko.

A Kpalimé, les audiences de la CVJR seront consacrées notamment aux incidents intercommunautaires dans les années 1991/ 1992, les déplacements des populations suite aux violences politiques et les violences politiques en 2005.

Rappelons que les audiences de la CVJR sont consacrées à la recherche de la vérité sur les violences électorales et autres violations des droits de l’homme qui sont survenues dans notre pays entre 1958 et 2005 dans le cadre des séances publiques, à huis clos et privées qui donnent la parole aux victimes, témoins et aux auteurs présumés.

De Kpalimé, Nicolas KOFFIGAN

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