Mgr Nicodème Barrigah: « Les témoins et tous les intervenants auprès de la commission bénéficient de la protection de l’Etat et ne peuvent être poursuivis ou arrêtés pour leurs propos, avis ou opinions »

« Les témoins et tous les intervenants auprès de la commission bénéficient de la protection de l’Etat et ne peuvent être poursuivis ou arrêtés pour leurs propos, avis ou opinions », a affirmé vendredi à Atakpamé (environ 175 km au de Lomé), Mgr Nicodème Barrigah-Benissan, le président de la Commission Vérité , Justice et Réconciliation, a constaté l’envoyé spécial de l’Agence Savoir News.

Mgr Barrigah-Benissan a fait cette déclaration à l’ouverture officielle des audiences publiques, privées et à huis clos dans la région des Plateaux.

« Conformément à l’article 3 du décret 2009-147/PR portant nomination des membres de la CVJR , +les témoins et tous les intervenants auprès de la commission bénéficient de la protection de l’Etat et ne peuvent être poursuivis ou arrêtés pour leurs propos, avis ou opinions+ », a-t-il précisé.

« En terme clairs, personne ne peut être cité devant un tribunal pour les témoignages qu’il aura rendus durant les audiences, ce qui ne signifie pas que la CVJR restera indifférente aux éventuelles fausses accusations qui seront portées devant elle. La protection des victimes, témoins et auteurs présumés exige une telle mesure », a souligné le Prélat.

Cette précision faite suite à des déclarations de certaines personnes dans leur droit de réponse, lors des audiences de Sokodé. Elles ont menacé de porter contre des témoins devant des tribunaux.

« De même », a poursuivi Mgr Barrigah-Benissan, « toute personne citée dans les dépositions ou lors des audiences, à titre d’auteur présumé d’actes graves de violation des droits de l’homme sera invitée par la CVJR à se présenter devant la commission pour apporter sa part de vérité ».

« Elle peut, par ailleurs, de sa propre initiative, solliciter le droit de réponse qui lui sera accordé selon les principes régissant les audiences », a-t-il indiqué.

Mgr Barrigah-Benissan a, une fois encore lancé un appel aux togolais « qui, pour diverses raisons, hésitent encore à entrer dans cette démarche de réconciliation ».

« Permettez à présent, qu’une fois encore, je me tourne vers les compatriotes qui, pour diverses raisons, hésitent encore à entrer dans cette démarche de réconciliation, pour leur adresser mon inlassable appel : osons donner une chance à la paix dans le cadre de ce processus de justice transitionnelle, car les erreurs et les violences du passé ne doivent plus hypothéquer notre avenir », a-t-il affirmé.

« Aurions-nous, à cause de nos fautes du passé, perdu tout espoir en notre avenir ? +L’espérance est la dernière chose qui meurt dans l’homme+, a dit Diogène. Et c’est l’espérance dans la possibilité d’un avenir commun apaisé, enraciné dans la concorde nationale que je nous invite au lancement des audiences à Atakpamé: notre survie collective en dépend », a ajouté le Prélat.

A Atakpamé, les audiences seront consacrées notamment aux événements suivants :

• Les violences politiques de 1958 ;

• Les législatives de 1961 et les arrestations qui s’en sont suivies ;

• Les déplacements des populations suite aux violences politiques ;

• Les conflits intercommunautaires entre Akébou et Akposso dans les années 1991 et 1992 ;

• Et d’autres cas de violations des droits humains et violences à caractère politique survenues dans notre pays.

Les audiences sont consacrées à la recherche de la vérité sur les violences électorales et autres violations des droits de l’homme qui sont survenues dans notre pays entre 1958 et 2005 dans le cadre des séances publiques, à huis clos et privées qui donnent la parole aux victimes, témoins et aux auteurs présumés.

Rappelons que la CVJR est l’émanation d’un processus lié à la quête de la concorde nationale susceptible de permettre au Togo de panser les séquelles de ses développements historiques conflictuels.

Elle a pour mission de déterminer, à travers un rapport circonstancié et détaillé, les causes, l’étendue et les conséquences des violations des droits de l’Homme et les violences qui ont secoué les fondements de la communauté togolaise de 1958 à 2005.

D’Atakpamé, Nicolas KOFFIGAN

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