Les audiences publiques de la CVJR à Dapaong (nord), les Forces armées togolaises y « participent » (PAPIER D’ANGLE)

Entamées mercredi dernier à l’hôtel Dapaong (environ 650 km au nord de Lomé), les audiences de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) se poursuivent ce samedi, a constaté un envoyé spécial de l’Agence Savoir News.

Dans la journée de vendredi, au total neuf témoins et victimes des incidents de Barkoissi, des déplacements forcés des populations pour cause des aires protégées, des cas de persécution de militants pour leurs convictions politiques différentes de celles du pouvoir, des privations de droits humains, ont été auditionnés ainsi qu’une victime des violences de 2005.

Les audiences de ce samedi sont liées aux événements de 2005, et autres affaires sur requête, en privé et à huis clos. Les togolais ont suivi en direct sur la télévision nationale (TVT) et à la radio nationale dans la matinée de samedi, des témoignages. Une synthèse de l’ensemble des déclarations des témoins, sera diffusée dans la soirée.

Depuis le début des activités de la CVJR à Dapaong, un constat s’est dégagé: les Forces Armées Togolaises (FAT) « participent » aux audiences, à travers des déclarations, conformément aux règles.

Des incidents ayant opposé Moba et Tchokossi à Barkoissi en 1992, aux violences électorales de 2005 dans la région des Savanes, en passant par les évènements de la Faune, les FAT ont toujours participé à ces audiences. Outre les faits, les Forces armées formulent à chaque occasion, des recommandations à l’endroit de la CVJR.

Il arrive des moments où les FAT reconnaissent des dérapages de certains de leurs éléments. C’est le cas par exemple des évènements de la faune.

Les FAT ont déploré des « dérapages de certains de leurs éléments » au cours desdits épisodes dans le rétablissement de l’ordre.

« Il faut reconnaître que face à l’agressivité de certains braconniers, des ripostes parfois disproportionnées malheureusement ont pu être enregistrées provoquant ainsi quelque fois des pertes en vies humaines et des blessés au sein de la population que nous déplorons. Il faut reconnaître aussi que certains éléments des FAT, investis de pouvoir administratifs ou réquisitionnés pour délimiter et veiller au respect des aires protégées, étaient allés au delà de ce qu’on pouvait attendre d’eux, en posant des actes dommageables qui entachent malheureusement les FAT », ont reconnu les FAT dans leur déclaration.

Les Forces armées ont demandé à la CVJR de « présenter aux victimes de ces dérapages, toute leur compassion pour le comportement regrettable de certains de leurs éléments ».

Elles ont également souhaité que la CVJR recommande une prise en compte de la dimension humaine et sociale dans la gestion des Faunes sur toute l’étendue du territoire national et ont préconisé la réparation par l’Etat des dommages causés aux victimes avérées.

« L’attitude des FAT ces derniers jours pendant ces audiences m’a beaucoup plus. Elles n’intimident personne, elles participent plutôt en faisant des déclarations pour nous éclairer », a confié à l’Agence Savoir News Mlle Edina, étudiante à l’Université de Kara.

Pour Nganibi, paysan, les déclarations des FAT lues lors des audiences ne suffisent pas: « Moi, j’aurais souhaité que les premiers responsables des forces armées se présentent devant la CVJR et présentent au nom de leur institution, leurs excuses à toute la population ».

Ce samedi où les audiences concernent les événements de 2005, et autres affaires sur requête, en privé et à huis clos, les FAT ont encore rendue publique une déclaration qui a essentiellement trait aux violences électorales de 2005 dans la région des Savanes.

Alors comment les violences électorales de 2005 se sont produites dans la région des savanes, selon les FAT?

« Globalement, la région des Savanes a été très peu touchée par les violences électorales de 2005. Cependant ces violences n’ont pas épargné le quartier Djabou dans la ville de Mango où les militants du Rassemblement du Peuple Togolais et ceux de l’opposition radicale se sont affrontés par jets de projectiles. Plusieurs maisons dans les deux camps ont été incendiées par les protagonistes », ont raconté les FAT dans leur déclaration.

Les FAT ont-elles été appelé es à intervenir? « Les éléments de la Force Sécurité Elections Présidentielles (FOSEP), ont dû intervenir pour ramener le calme », souligne la déclaration..

Les FAT déplorent-elles des dérapages de certains de leurs éléments au cours desdits épisodes dans le rétablissement de l’ordre? Selon la déclaration, « aucun dérapage ni bavure n’a été enregistré ».

Les FAT ont affirmé que les différents protagonistes ont été déjà « réconciliés à l’initiative des autorités compétentes togolaises et du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) qui, pour sceller cette réconciliation a construit un bâtiment servant de salle de classe au CEG Mango ville II ».

Rappelons que les audiences sont consacrées à la recherche de la vérité sur les violences électorales et autres violations des droits de l’homme qui sont survenues dans notre pays entre 1958 et 2005 dans le cadre des séances publiques, à huis clos et privées qui donnent la parole aux victimes, témoins et aux auteurs présumés.

Ces audiences publiques, privées et à huis clos doivent se dérouler à Dapaong, Kara, Sokodé, Atakpamé, Tsévié, Aného, Kpalimé, et Lomé.

La CVJR est l’émanation d’un processus lié à la quête de la concorde nationale susceptible de permettre au Togo de panser les séquelles de ses développements historiques conflictuels. Elle a pour mission de déterminer, à travers un rapport circonstancié et détaillé, les causes, l’étendue et les conséquences des violations des droits de l’Homme et les violences qui ont secoué les fondements de la communauté togolaise de 1958 à 2005.

De Dapaong, Nicolas KOFFIGAN

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