« Presse et manipulations politiques », thème au centre de discussions vendredi à la Maison de la presse à Lomé

Les journalistes et professionnels des médias, se sont retrouvés vendredi à la maison de la presse à Lomé pour un petit conclave dénommé « club presse », en vue de débattre d’un important thème d’actualité: « Presse et manipulations politiques », a constaté l’Agence Savoir News.

Ce conclave est une initiative de l’Union des Journalistes Indépendants du Togo (UJIT) et du Bureau Régional de la Friedrich-Ebert-Stiftung (FES) basé à Cotonou.

C’est le représentant de la Haute autorité de l’audiovisuelle et de la communication (HAAC), Pierre Kasséré qui a présidé cette rencontre en présence du représentant de la Fondation FES et du secrétaire général de l’UJIT.

Deux communications ont fait l’objet de discussions: « L’instrumentalisation des médias par les acteurs politiques : état des lieux, manifestations et devoir de crédibilité » et « Analyse critique des rapports entre les médias et les partis politiques : points de convergence et de divergence ».

Ces communications ont été faites par Abass Mikaila, directeur de publication de l’hebdomadaire « Le Regard » et Jean Kissi, le secrétaire national du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR), deuxième parti politique de l’opposition togolaise.

Ce conclave vise à renforcer les capacités des journalistes pour les éveiller sur les situations de manipulations des hommes politiques.

Selon les organisateur, ce conclave vise également à amener les journalistes à se départir des considérations des politiques dans le traitement de l’information et surtout de savoir éviter les pièges de manipulations ».

Selon Abass Mikaila, la presse, « considérée comme le quatrième pouvoir joue un rôle important dans le débat public. Et c’est ce pouvoir d’influence sur l’opinion que les journalistes et les acteurs politiques s’emploient à contrôler les médias sinon à les utiliser pour exercer de l’influence sur le public ».

« De mèche avec les responsables politiques, les journalistes constituent une sorte de cour frivole, mondaine ou chacun flatte l’autre. A quoi servirait donc le quatrième pouvoir s’il se retrouve totalement entre les mains d’autres pouvoirs ? », s’est-il interrogé.

« Il appartient donc aux journalistes de savoir qu’ils seront les perdants dans ce jeu de copinage, car le politicien est un monstre froid. C’est pourquoi, pour pouvoir garder sa crédibilité dont ses lecteurs, un journal se doit de rester indépendant, libre, non partisan, sans connivences, même si comme n’importe quelle entreprise, il a besoin d’argent nécessaire à sa propre survie et à sa propre mission d’information », a souligné Abass Mikaila.

Pour Jean Kissi, lors de sa communication axée sur le thème: « Analyse critique des rapports entre les médias et les partis politiques: points de convergence et de divergence », ce qui est « déshonorant dans le paysage médiatique togolais, c’est la vente du faux, car il n’est pas rare d’entendre les responsables politiques se lamenter du traitement que les journalistes au Togo font de l’information ».

« Il n’est pas étonnant que la semaine dernière, lorsqu’on parle du riz pollué, les journalistes ont pris positions, certains en faveur du pouvoir, est-ce leur rôle ? », s’est-il demandé.

Selon lui, les journalistes doivent informer juste et vrai et ne pas vendre du faux. « Il est vrai la situation financière des journalistes reste déplorable, mais cela ne doit pas amené les journalistes à devenir des outils de manipulations ».

« Aussi bien le journaliste que le politicien sont des communicateurs, mais le journaliste doit informer juste et vrai. Il ne doit pas être un outil de manipulation pour les politiciens. L’éthique et la déontologie du métier ne permettent pas ces manipulations politiques », a pour sa part relevé Pierre Kasséré, le représentant de la HAAC.

Le représentant de la FES, Ruffin Godjo a aussi abondant dans le même sens, soulignant que les médias doivent informer juste et vrai: « lorsque le journaliste passe par les officines politiques, il n’informe plus, mais fait une communication, afin de donner une visibilité aux activités et action du politicien ».

« Le journaliste a pour rôle d’informer et le politicien à pour rôle de tout faire pour arriver au pouvoir. Mais lorsqu’un journaliste fait la communication d’un parti politique pensant qu’il informe, là il ne traite plus l’information. Le journaliste doit se départir des relents politiques, il doit plutôt être un outil d’information et non de manipulation », a-t-il précisé.

La presse privée togolaise traverse des « moments très difficiles dans l’exercice de la profession. Elle ne cesse d’être manipulée par les politiques qui pensent que les journalistes sont leurs caisses de résonance. Parfois, ce sont même les journalistes qui naïvement ou consciemment prêtent le flan et se prédisposent aux manipulations ».

Cette situation suscite beaucoup de réflexions et d’inquiétudes aussi bien de la part des politiques que des acteurs de la presse. Il urge donc de sensibiliser les acteurs des médias par rapport aux multiples facettes de manipulations des politiques.

Nicolas KOFFIGAN

Savoir News, le journalisme est notre métier

www.savoirnews.net, l’info en continu 24/24H