Les préoccupations des élèves pendant ces vacances varient d’une maison à une autre. Pour certains ce sont les cours de vacances associées parfois aux petits jobs, afin de s’assurer les prochaines rentrées. Pour d’autres, surtout les filles, c’est la lecture des romains érotiques. Et cela devient même une obsession pour elles.
Le constat est clair. Les collections de livres érotiques se multiplient comme des lapins, même chez Arlequin ! À l’heure où la pornographie de masse impose son règne sur Internet, l’attachement des filles aux romains érotiques, connaît un essor remarquable. Mais pourquoi ce phénomène?
Faut-il y voir la confirmation du vieux cliché selon lequel la libido féminine est moins visuelle et plus imaginative que celle des hommes, qui préfèrent donc la pornographie à l’érotisme?
Edwige, 19 ans, élève en classe de terminale au lycée de Tokoin est l’une des fans de ces romains érotiques.
Cette fille qui habite le quartier Nyékonakpoè, n’écoute plus rien lorsqu’elle a la tête plongée dans ces romains. Elle affirme ne jamais se passer des romans érotiques et cela lui procure d’abord un grand plaisir sexuel et ensuite l’instruit.
Edwige a déjà lu cinq romains érotiques depuis le début des vacances. Parmi les bouquins parcourus par la jeune élève figure « Zones humides », l’un des romains célèbres de Charlotte Roche.
Roman de 226 pages (Editions Anabet), « Zones humides » était classé parmi le « Top 10 » des romains érotiques en juillet 2009.
Dans la plupart de ces romains, Charlotte Roche – présentatrice, productrice, chanteuse, animatrice et auteur Allemande – s’accroche le plus souvent à ce qui fait tabou que la narration.
Edwige a également lu « Nuits d’encre » de Françoise Rey, un roman érotique d’une rare qualité littéraire.
« Je compte lire au moins 15 romains érotiques avant la fin des vacances. Vraiment j’ai j’en raffole. Lorsque je lis les romans érotiques, je suis bien excitée. Je jouis et je ne pense plus aux garçons », expliqué-t-elle.
« Nous formons de petits groupes et on s’échange ces romains, si bien que nous lisons beaucoup de numéros sans les avoir acheter. Je suis contente d’assouvir ma libido à travers la lecture de ces romans érotiques », se vante Edwige, assise dans un petit fauteuil au portail de sa maison.
Pour Afiwa, élève en seconde, les romans érotiques constituent une partie de sa vie sentimentale.
« Depuis ma déception amoureuse l’année dernière, je me suis accrochée à ces romains. Il arrive des moments où je me cache dans ma chambre pour lire. Parfois, je me masturbe et je jouis », confie Afiwa, l’air très sérieux.
Elle a par ailleurs expliqué que c’est en parcourant ces romains qu’elle trouve sa joie de vivre et qu’elle ne peut jamais s’en passer.
Amissétou, 21 ans, élève au lycée moderne d’Adidogomé, estime pour sa part que la lecture des livres érotiques procure plus d’expériences à une jeune fille.
« Ces livres m’instruisent. Grâce à ces lectures, j’apprends à connaître l’homme et surtout comment aborder les hommes. Ces romans ressemblent à ces feuilletons que nous regardons sur des chaînes de télévision. Je suis parfois hyper excitée quand je tombe sur certains passages », avoue Amissétou, un romain intitulé « Rêves de femmes » entre les mains.
De l’avis de certains sociologues, la lecture de ces romains n’est pas une mauvaise chose en soi, mais c’est plutôt le fait que certaines personnes, surtout les jeunes filles deviennent pratiquement « esclaves » de ces bouquins.
« Être fanatique de ces livres érotiques, conduit à des déviances. Ces jeunes filles qui ne s’en passent, deviennent par la suite des lesbiennes. Bref, au foyer, elles n’ont pas souvent de bons comportements », affirme Evariste, professeur de sociologie d’une grande Ecole privée.
« La plupart du temps, ces filles qui s’accrochent aux romains érotiques se masturbent et ne sont plus sensibles quand elles sont en face de leur partenaire. Sur le plan sentimental, elles développent une certaine agressivité. Ce sont des filles qui ratent souvent leur vie conjugale », renchérit Mme Rita Zanida-Okhégan, sage femme à la retraire.
Nicolas KOFFIGAN
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