« Gardien de nuit », un métier de plus en plus répandu à Lomé, mais « très difficile » (REPORTAGE)

A Lomé, il n’est pas rare de voir devant certaines grandes sociétés et maisons de jour comme da nuit, des hommes habillés en uniforme. Matraques accrochées à l’épaule, ils sont souvent munis de sifflet et de lampe torche.

Ce sont des agents de sécurité ou « gardiens de nuit ». Ils sont employés par des sociétés privées.

Selon des sondages effectués par une équipe de reportage de l’Agence Savoir News, ces hommes jouent un rôle très important en matière de sécurité, même s’ils n’ont pas reçu de grande formation à l’image des forces de sécurité.

Baba, 35 ans, père de deux enfants, exerce ce métier depuis deux ans. « C’est un métier que j’ai embrassé, suite à un communiqué diffusé sur une radio. Car j’étais au chômage ».

« J’ai d’abord suivi une formation d’un mois avant d’être engagé. Au cours de la formation, nous avions appris beaucoup de choses dont des techniques pour maîtriser un voleur ou un malfaiteur », confie Baba.

Selon lui, le « gardien de nuit » n’es pas chose facile: « Pendant que les autres dorment, vous êtes appelés à monter la garde ».

« Je me suis lancé dans ce boulot parce que je n’ai rien trouvé. Parfois, certains collègues sont confrontés à des bandes de voleurs à mains armées. C’est vraiment dur », avoue Baba.

Au Togo, on dénombre un grand nombre de sociétés de gardiennage. La plupart sont installées à Lomé où l’activité économique est beaucoup plus dense. Elles sont sollicitées par les grandes sociétés notamment les banques et certaines personnes privées (directeurs de sociétés, hommes d’affaires etc..).

Les agents recrutés dans ces sociétés sont en majorité de jeunes diplômés sans emplois. Souvent, le recrutement se fait sans tenir compte du niveau d’études des candidats.

Les plus diplômés occupent surtout des postes de superviseurs, de comptables ou de courtiers.

Les recruteurs tiennent souvent compte de la forme du candidat. Un bon gardien de nuit doit être grand de taille. Il doit bien travailler ses muscles.

Mais, une chose que la plupart des agents déplorent, est le bas salaire dans la corporation.

Engagé depuis 7 ans dans une agence de sécurité, Oupo touche 30.000 F.CFA par mois.

« Je gagne pratiquement 30.000 F.CFA par mois depuis 7 ans. Pas d’assurance. Pire encore, je ne suis pas déclaré à la Caisse de sécurité sociale », déplore Oupo, 39 ans.

Dans son unité, les agents sont payés toutes les deux semaines.

« Nous travaillons dans des conditions difficiles. Les congés presque inexistants », souligne Oupo assis devant le portail d’une grande entreprise à Adidogomé.

Dans certaines sociétés, des gardiens de nuit sont des temporaires ou « vacataires ». Ils perçoivent des salaires ou primes entre 18.000 et 21.000 F.CFA par mois.

« Je travaille en qualité de +vacataire+, parce que je ne suis pas encore titularisé », raconte Andiro, 40 ans, père de deux filles.

« Ma situation fait que je ne touche que 21.000 F.CFA par mois. D’autres perçoivent 20.000, voire 18.000 F.CFA pour ce travail très difficile. Je vous avoue que nous sommes vraiment exposés les nuits. Nous n’avons pas de fusils, alors que la plupart des voleurs d’aujourd’hui sont de grands bandits. Ils utilisent de gros moyens », se plaint Andiro.

Selon des responsables des organisations des droits de l’homme interrogés par l’Agence Savoir News, des démarches sont en cours pour « discuter à fond » avec des responsables de sociétés de gardiennage installées sur l’ensemble du pays.

« Nous allons d’abord commencer par ceux qui sont à Lomé, afin revoir les conditions de travail de ces +gardiens de nuit+. Disons-nous la vérité. Ils sont exposés. Ils n’ont pas les moyens nécessaires pour faire ce travail. Il n’est pas rare de voir ces agents devant de grandes sociétés la nuit, les mains vides. La plupart ne possèdent que de bâtons », déplore un responsable d’une Association de défense des droits de l’homme.

« Ils sont gens exposés tous les jours contre de maigres salaires. Nos enquêtes ont montré que la plupart de ces sociétés n’ont pas encore le dispositif nécessaire pour mener une telle activité. En tout cas, nous sommes déterminés à aller très loin », affirme ce responsable.

Lambert ATISSO

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