Le limogeage de Robert Bakaï, largement commenté ces deux derniers jours par la presse

Robert Bakaï, le procureur de la république près le Tribunal de première instance de première classe de Lomé a été limogé, selon un décret rendu public mercredi à l’issue du Conseil des ministres.

Magistrat de deuxième grade, 2e échelon, Robert Bakaï a été nommé à ce poste 17 mars 2004.

« Limogeage au palais de la justice: Fin de partie pour le diacre-magistrat Robert Bakaï », titre l’hebdomadaire La Cible.

« Depuis mercredi, Robert Baoubadi Bakaï n’est plus procureur de la république près le Tribunal de première instance de première classe de Lomé. Au-delà de ce décret portant mise à disposition, ce n’est pas le fait de remplacer un Procureur qui pose problème, mais la manière dont, cela a été fait qui inquiète. Il est difficile d’admettre que soit mis sur les épaules du procureur, tout le dysfonctionnement de l’administration de la justice au Togo », écrit le journal.

Selon ce Canard, « les causes du débarquement du Procureur de la république sont à chercher ailleurs. Dans le milieu du pouvoir, le principe est simple: il n’y a rien dans le mandat que les résultats. Et si les résultats traînent ou ne correspondent pas aux attentes des vrais détenteurs, alors l’exécutant tombe dans la disgrâce et jeté à la merci des détracteurs ».

« Sûrement, Robert Bakaï vient d’être victime de ces avatars et croche-pieds. D’aucuns parlent de son refus de se soumettre aux pressions pour faire entorse aux règles de la justice pour noyer le sieur Sow Agba Bertin et saisir ses biens. D’autres évoquent les vieux contentieux qu’il aurait avec le président de la Cour constitutionnelle qui réhabilité lui-même par les élections présidentielles de 2010 », poursuit La Cible.

« L’arrivée du nouveau Garde des Sceaux a permis à certains de revenir au devant de la scène, leur vieille rancœur. Enfin, une petite excursion dans le passé Robert Bakaï permet aussi de dire que le Monsieur traîne de lourds dossiers puants. LE zèle démesuré avec lequel il traite les dossiers et la plupart des cas, maladroitement, auraient contribué aussi à fabriquer des détracteurs dans son propre entourage », souligne le journal.

Le quotidien privé Forum de la Semaine se demande s’il ne s’agit pas d’une « mesure de représailles ou l’addition pour toutes les contorsions à son passif ».

« L’opinion semble se partager au sujet de ce qui peut expliquer la descente aux enfers de ce magistrat fort redouté. Le premier courant met sa destitution à l’actif du vaste projet de modernisation de l’appareil judiciaire entrepris à coup de millions au Togo ; Objectif : réussir une vaste opération +mains propres+ au sein de l’appareil judiciaire », écrit Forum de la Semaine.

« Mais comment le pouvoir que celui-ci servait aurait-il pu lui faire si subitement, une telle volte-face ? Et si tel est le cas, qu’attend on pour sauter les autres brebis galeuses ? », s’interroge le journal.

« C’est là, la limite de cette première explication, ce qui conforte davantage la thèse qui ferait de lui, une victime du système. Pour avoir refusé, laisse-t-on croire, de céder aux ordres du système de charger certaines têtes gênantes, il aurait provoqué le courroux du pouvoir qui aurait décidé de le mettre hors circuit en le destituant pour le mettre à la disposition de la fonction publique », conclut Forum de la Semaine.

Le Changement, un autre hebdomadaire semble déceler les « dessous » de ce limogeage qui « suscite d’interrogations ».

« Des indiscrétions font état de manœuvres en cours pour relever de leurs fonctions, tous ceux qui sont considérés à tort ou à raison comme proches du ministre Pascal Bodjona qui, depuis quelques temps, se trouverait dans le collimateur des tortionnaires de l’ANR (Agence Nationale de Renseignements). Les mêmes sources indiquent que Robert Bakaï ne serait pas le seul inscrit sur cette fameuse liste noire », souligne le Changement.

Pour ce journal, « il est que le désormais ex-procureur de la république tout comme les autres cadres de l’administration, n’est pas indéboulonnable. Là où le bât blesse, c’est la manière dont il est relevé de ses fonctions et mis à la disposition de la fonction publique comme un vulgaire vaguemestre ».

Junior AUREL

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