Quatre candidats d’opposition sont en lice samedi pour tenter de créer la surprise et d’emmener au deuxième tour le favori, le président sortant, Alassane Ouattara.
Tous ont battu campagne ces deux dernières semaines aux quatre coins du pays, rassemblant parfois quelques milliers de militants.
Voici le casting de la présidentielle dont les deux principaux opposants, Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam sont les grands absents.
Simone Ehivet Gbagbo, 76 ans, l’ex-Première Dame
A 76 ans, Simone Ehivet Gbagbo tient sa revanche : amnistiée en 2018, après sept années de prison pour des faits liés à la sanglante crise de 2010-2011, elle a patiemment reconstruit sa vie, après un divorce civil et politique avec son ex-mari.
Son discours n’a pas beaucoup varié, celle qu’on appelait la Dame de Fer a officiellement rangé ses piques contre la France mais défend toujours une politique anti-impérialiste.
Son programme s’axe sur trois thématiques: réconciliation, transformation des matières premières et souveraineté diplomatique.
Ses relations avec les juntes sahéliennes qui ont rompu avec l’Occident? « On prie qu’ils réussissent », dit-elle sans toutefois tourner complètement le dos aux partenaires actuels de la Côte d’Ivoire et pour ne pas « vivre en autarcie ».
Pendant sa campagne de « corps à corps » dans des villages des quatre coins du pays, elle a pu compter sur le soutien actif de Charles Blé Goudé, ancien leader des « Jeunes Patriotes » pro-Gbagbo qui lui est resté loyal.
Jean-Louis Billon, 60 ans, le chef d’entreprise
On dit de lui qu’il est l’homme le plus riche du pays. Il en est a minima le premier employeur privé, avec son groupe agro-industriel Sifca.
Son ambition présidentielle n’est pas neuve : ce métis de père français et de mère ivoirienne en parle ouvertement depuis 2021, ce qui lui valut des tapes sur les doigts au sein du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), la première formation d’opposition.
Quand Tidjane Thiam prend le contrôle du PDCI fin 2023, Billon continue sa route et se lance sans l’onction du parti dans la campagne.
Thiam désormais hors course, il espère récupérer le vote des militants PDCI, même si l’appareil n’a pas appelé à le soutenir. « Le boycott du scrutin, c’est un passeport pour le sortant », prévient un proche.
Libéral assumé, le député de Dabakala (nord) qui a été ministre du Commerce de Ouattara (2011-2018), veut s’appuyer sur une croissance tirée par le privé, et une structuration du secteur informel pour davantage d’emploi salarié.
Ahoua Don Mello, 67 ans, le communiste proche de la Russie
Il s’est lancé comme une candidature de « précaution », au cas où son mentor Laurent Gbagbo serait empêché de concourir.
Le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), la formation de M.Gbagbo, ne l’a pas suivi. Mais cet ingénieur en travaux publics s’est maintenu dans la course en indépendant.
Reconnaissable à son impeccable costume col Mao, Ahoua Don Mello revendique une politique souverainiste et communiste.
Son programme tourne autour de trois piliers qui se recoupent: décentralisation de l’économie ivoirienne, souveraineté à tous les niveaux et « panafricanisme » favorable aux juntes sahéliennes.
Il plaide pour désenclaver un peu plus la Côte d’Ivoire rurale, mais aussi pour transformer davantage les matières premières sur place, à commencer par le cacao dont la Côte d’Ivoire est premier producteur mondial.
Militant pour la sortie du franc CFA et critique fervent de l’endettement du gouvernement actuel, le secrétaire général de l’Alliance des Brics ne cache pas au niveau diplomatique, sa sympathie pour la Russie.
Reste à savoir qui captera au mieux les voix de la gauche ivoirienne, entre Simone Ehivet Gbagbo et lui.
Henriette Lagou, 66 ans, la centriste modérée
Déjà candidate en 2015, cette éphémère ministre de la Famille dans les années 2000 avait réuni 0,89% des voix.
Elle a créé la surprise en réunissant les parrainages nécessaires pour voir sa candidature validée, pour les couleurs du GP-Paix, un groupement d’une douzaine de petits partis.
Le credo de celle qui se définit comme opposante « modérée » : la paix et la justice sociale. Elle souhaite lancer un grand dialogue national pour la réconciliation et multiplier le nombre de centres de santé et d’écoles dans le pays.
« Vous avez beau construire des usines, s’il n’y a pas la paix, il n’y a pas de développement », explique-t-on dans son entourage, la comparant à Ellen Johnson Sirleaf qui fut la première femme élue présidente du Libéria voisin. Source : Afp



