Sommet : A Dakar, les filles d’Afrique de l’Ouest et du Centre veulent des « actions concrètes » de la part des dirigeants

« Nous voulons que toutes les lois votées dans nos différents pays soient traduites en actions concrètes pour une lutte efficace en faveur de la protection des enfants », a clairement exprimé Lelengda Tchakebera (16 ans, Togo) à l’ouverture du 1er Sommet des jeunes filles de l’Afrique de l’Ouest et du centre officiellement ouvert vendredi 10 octobre 2025 à Dakar (Sénégal).

Isabel (Guinée Équatoriale) a renchéri : « Nous voulons être prises en compte lorsque notre histoire sera écrite, car nos voix comptent ».

Ce sommet a été ouvert par Mme Maïmouna Dièye (ministre de la famille et des solidarités du Sénégal), qui a salué l’engagement de plus de deux cent filles (et quelques garçons) de 24 pays de la région, à changer leur avenir.

L’événement est organisé en prélude à la Journée internationale de la Fille (11 octobre) et vise à obtenir des actions concrètes des décideurs politiques des pays de la région. Concrètement, il s’agit d’élaborer un Agenda régional commun qui sera le reflet fidèle de leurs priorités et aspirations.

Étaient présents Omar Abdi, Directeur général adjoint de l’UNICEF, Gilles Fagninou, Directeur régional de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Des ministres, responsables d’institutions ouest-africaines et plusieurs autres parties prenantes.

Les participantes ont rappelé que, trente ans après la Déclaration de Beijing (au Pékin) sur les droits des femmes, les progrès sont trop lents et les promesses rompues. Elles exigent des mesures urgentes pour mettre fin à la discrimination et à la violence.

La ministre de la famille et des solidarités du Sénégal a reconnu l’échec passé et salué la détermination collective à « créer un bouclier solide contre tous les obstacles à l’épanouissement des filles en Afrique de l’Ouest et du Centre ».

« Ce sommet nous offre l’occasion de prendre acte du temps écoulé et des promesses qui restent, hélas, à honorer. L’avenir des filles est désormais une priorité absolue, stratégique et intergouvernementale », a martelé Mme Dièye.

« Il est fondamental de le reconnaître : les filles africaines disposent d’un savoir-faire et de compétences extraordinaires. Loin d’être de simples bénéficiaires, elles ont une parfaite maîtrise des enjeux et une grande connaissance des solutions. Faisons de cette rencontre de Dakar l’acte fondateur d’un mouvement régional puissant en faveur des filles. Ensemble, traçons la voie, sécurisons les engagements, et bâtissons l’Afrique de demain, celle qui compte et mise sur les filles », a-t-elle ajouté.

Situation critique des jeunes filles

Gilles Fagninou a alerté sur la situation critique des jeunes filles dans la région. « En tout, elles sont plus de 75 millions. Les statistiques sur le bien-être sont des plus mauvaises quand on compare l’Afrique de l’Ouest et du Centre aux autres régions du monde ».

Il a souligné que « là où il y a une petite opportunité pour la fille, le retour sur investissement pour la communauté ou le pays (…) a été inégalablement élevé. Ce sommet va donc essayer de répondre à comment faire pour que l’opportunité soit donnée à toutes les filles, pour que les avancées accomplies à petite échelle dans le domaine de l’accès à l’éducation de qualité, aux soins à la santé, à l’élimination du mariage précoce, de la violence basée sur le genre, soit étendue à toutes les filles et partout dans la région », a souligné le directeur régional de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

« Investir dans les femmes et les filles et l’accueil de leurs droits sont d’incroyables catalyseurs du changement. Ce sommet des filles connecte les priorités mondiales avec les réalités, le leadership et l’expérience de ces filles. Notre rôle est d’écouter pour que vos voix puissent nous guider », a dit Omar Abdi (directeur général adjoint de l’UNICEF).

Notons que la première journée de cette rencontre de deux jours a aussi permis de définir des priorités communes et renforcer les liens. Les participants ont examiné l’agenda régional pour les filles de la région et réfléchi à sa mise en œuvre. Elles ont également participé à des panels sur des thématiques stratégiques comme le financement public et les budgets pour les filles en Afrique de l’Ouest et du centre, le renforcement des partenariats avec le secteur privé et les médias.

La journée de samedi abordera les perspectives d’avenir, les engagements, et sera marquée par la célébration de la Journée internationale de la fille, et la remise des déclarations issues du Sommet lors d’engagements intergénérationnels de haut niveau.

Rappelons que la journée internationale de la jeune fille est placée cette année sous le thème : »la fille que je suis, le changement que je mène, les filles en première ligne des crises ». FIN

De Dakar, Ambroisine MEMEDE