Droits en santé sexuelle et reproductive : Des députés en formation à Kpalimé

La table d'honneur

Une soixantaine de personnes dont 40 députés, ont entamé le mercredi 27 août 2025 à Kpalimé (environ 120 km au nord de Lomé), un atelier de trois jours sur les droits en santé sexuelle et reproductive (DSSR).

La rencontre est organisée par la Direction de la santé de la mère et de l’enfant (DSME), en partenariat avec Ipas Afrique Francophone et l’Association Togolaise pour le Bien-Être Familial (ATBEF).

Principal objectif : renforcer la compréhension des parlementaires et leur engagement pour un cadre législatif plus favorable à l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive au Togo.

Les DSSR sont considérés comme un levier essentiel pour réduire les inégalités de genre et atteindre les Objectifs de développement durable (ODD). Pourtant, malgré la ratification du Protocole de Maputo en 2005 et la loi sur la santé de la reproduction en 2007, le cadre légal reste incomplet. L’absence de décrets d’application et les barrières socioculturelles compliquent encore l’accès aux soins, notamment à l’avortement sécurisé, autorisé uniquement dans des cas spécifiques.

« Chaque année, des milliers de femmes et de filles se retrouvent dans des situations de détresse, parfois au péril de leur vie », a rappelé Mme Noélie Koevi-Koudam (directrice exécutive de l’ATBEF).

Pour elle, la présence des députés à cet atelier constitue une « opportunité historique » de transformer les engagements en actes.

Des progrès, mais des défis persistants

Selon le Dr Abram Amétépé Agossou (directeur de la DSME), le Togo a enregistré des avancées notables en matière de santé maternelle et infantile, grâce à des programmes comme la CARMMA, la subvention de la césarienne depuis 2011 ou encore le programme Wezou lancé en 2021.

Cependant, a-t-il relevé, les résultats restent insuffisants : « Le pays n’atteindra pas les ODD en 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises, notamment pour lever les obstacles réglementaires ».

Les avortements clandestins, liés à l’absence de textes d’application, continuent de menacer la vie de nombreuses femmes.

Représentant la présidente de l’Assemblée nationale, le directeur de cabinet Kissao Tchourou a insisté sur l’importance du rôle des députés.

« Le renforcement du cadre législatif en matière de santé sexuelle et reproductive s’inscrit dans la vision du Chef de l’État d’assurer à chaque citoyen un accès universel aux soins, dans le respect de la dignité humaine », a-t-il souligné.

Il a appelé les députés à lever les tabous, sensibiliser les communautés et promouvoir une culture d’ouverture.

Trois jours d’échanges et de recommandations

Durant l’atelier, les députés participent à des exposés thématiques, des études de cas, des travaux de groupe et des exercices de clarification des valeurs sur l’avortement (CVAT). L’objectif est de formuler des recommandations concrètes pour améliorer l’accès aux DSSR, en cohérence avec les engagements internationaux du Togo.

Outre les parlementaires, la rencontre réunit des cadres du ministère de la Santé, des ONG ainsi que des agences onusiennes comme l’OMS et l’UNFPA.

A travers ces concertations, les organisateurs espèrent instaurer une dynamique durable de dialogue et de réforme afin que chaque femme et chaque fille au Togo puisse accéder à des soins de qualité, en toute sécurité et sans stigmatisation. FIN

De Kpalimé, Alex Adouh